Durant ces vingt dernières années, les hasards de la carrière diplomatique m’ont imposé, avec une lourde part de responsabilité, un rôle particulièrement actif dans le règlement de deux questions, qui avaient un intérêt de premier ordre, soit pour notre expansion coloniale, soit même pour notre politique européenne.
La première de ces négociations a eu pour résultat l’acquisition de l’Annam et du Tonkin.
Directeur politique au ministère des Affaires étrangères en 1882, je m’étais trouvé en situation d’exercer une influence décisive sur la détermination de la voie où la France allait alors s’engager sans possibilité de retour. C’était le temps où, pour nous ouvrir la vallée du Fleuve Rouge, le commandant Rivière prenait l’initiative de la marche héroïque où il devait laisser la vie. Fallait-il, à sa suite, nous lancer dans une expédition lointaine et onéreuse, dont le gain serait la consolidation de notre protectorat effectif sur l’Indo-Chine ? Le Parlement y était peu disposé ; le Président Grévy moins encore. Le ministère constitué sous la présidence de M. Duclerc se trouvait paralysé par la maladie de son
- ↑ Les pages suivantes forment l’introduction d’une étude diplomatique que M. Billot, ancien ambassadeur à Rome, prépare sur nos rapports avec l’Italie durant les huit dernières années. Nous n’avons pas besoin d’insister sur l’intérêt d’actualité que ce travail emprunte au vote récent de l’arrangement commercial du 21 novembre.