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le long d’une spirale de cuivre plongée dans un baquet d’eau fraîche. C’est un souci constant et une manœuvre fatigante, pour le distillateur champêtre, de renouveler cette eau, que la traversée de la vapeur échauffe sans cesse, et qu’il faut maintenir froide pour avoir une bonne condensation. Les alambics un peu plus perfectionnés emploient ce calorique perdu en faisant passer le serpentin à travers un « chauffe-vin, » réservoir où le liquide fait antichambre, avant d’être admis dans la chaudière à une température devenue, par là même, voisine de l’ébullition. L’industrie a su, depuis longtemps, tirer un parti meilleur encore de la chaleur dégagée par les vapeurs d’alcool : elle s’en sert pour échauffer une série de vases communicans, de la même façon que le contenu de la chaudière est échauffé directement par le feu.

La première application de cette idée, due à Édouard Adam, remonte à 1801. Les vapeurs arrivant de la chaudière se condensent dans un premier vase, rempli comme elle de liquide à distiller ; bientôt l’alcool ainsi condensé, se trouvant échauffé par l’arrivée constante de vapeurs nouvelles, bout à son tour et fait office de chaudière pour le vase suivant, où le même phénomène se reproduit. Après une série de volatilisations et de condensations successives, la vapeur d’alcool, de plus en plus riche, se rend au serpentin, où elle donne un esprit de titre très élevé, sans autre dépense de combustible que celui de la chaudière. L’appareil d’Adam a été le point de départ de ceux actuellement en usage, dont les vases consistent en plateaux superposés, figurant une colonne qui s’élève à la hauteur d’un troisième étage. Lorsqu’il suffit de distiller l’alcool sans se préoccuper de son goût, l’opération est menée d’une façon continue : le liquide, d’après un débit réglé, est envoyé directement au haut de la colonne, d’où il descend en cascade, de plateau en plateau, suivant un chemin inverse de celui des vapeurs qui montent. À leur contact brûlant, il se dépouille, dans le parcours, de la totalité de son esprit et, lorsqu’il parvient à la chaudière, ce n’est plus qu’un résidu bon à évacuer.

Lorsqu’on recherche des produits absolument neutres, la rectification discontinue est, paraît-il, préférable. On commence par diluer dans l’eau les flegmes, qui titrent jusqu’à 80°, pour les ramener à 45°. L’alcool ainsi lavé se séparera plus complètement des huiles essentielles et des impuretés multiples qui sont le