connu de tous nos lecteurs[1], allait permettre de fabriquer un alcool pouvant être livré à la consommation moyennant 20 centimes le litre. Les essais ont prouvé que ces pronostics étaient peu fondés et que l’opération serait fort coûteuse.
Il est possible aussi, — l’expérience a été faite, — de se procurer un alcool de luxe avec l’arc électrique, sur lequel on fait passer un courant d’air et de vapeur d’eau ; alcool de luxe, dis-je, parce que la dépense de force mécanique, — 8 chevaux pendant une heure et demie pour quelques milligrammes de liquide, — ferait ressortir, eu égard à ce rendement minime, le verre d’alcool pur à 500 ou 600 francs. C’est donc, jusqu’à ce que l’alcool synthétique de gaz ou de charbon de terre soit assez bon marché pour entrer dans les mœurs, de matières végétales que nous continuerons à isoler l’alcool par la distillation.
Distiller un liquide, c’est le transformer, par la chaleur, en vapeur, puis ramener, par le refroidissement, ces vapeurs à l’état liquide. L’alcool bouillant à 78° centigrades, tandis que la température d’ébullition de l’eau est de 100°, il semble que, sous l’action d’une chaleur qui ne dépasserait pas 78°, tout l’alcool du vin devrait s’en aller en vapeur, tandis que la partie aqueuse de ce vin demeurerait tout entière à l’état liquide ; c’est-à-dire qu’en distillant trois hectolitres d’un cru contenant 10 pour 100 d’alcool, on devrait en recueillir exactement trente litres purs. Deux raisons s’y opposent, dans la pratique : l’alcool, — au contraire des ivrognes, — a pour l’eau tant de goût, il tient si fort à rester uni à elle, que cette affinité le retient et l’empêche de se dégager sous forme de vapeurs, dès que cela lui serait possible. L’eau, de son côté, se vaporise partiellement avant de bouillir à 100°.
La seconde étant ainsi plus prompte, le premier plus lent à se volatiliser qu’on ne le souhaite, il résulte de ce double fait que l’alcool, obtenu dans les appareils rudimentaires des « bouilleurs » de nos campagnes, ne « pèse, » à la sortie du serpentin, que 30 à 35 degrés, autrement dit qu’il est mélangé à un volume d’eau double du sien. Ce n’est encore qu’un « flegme, » un « brouillis » ou « petite eau, » que, par un second passage à la chaudière, — la rectification, — on portera à 60 ou 65 degrés, titre ordinaire des eaux-de-vie de vin à l’état frais.
Le temps en diminuera la force et la quantité : cinq hectolitres
- ↑ Nous avons parlé de l’acétylène dans une étude antérieure sur l’Éclairage. Voyez la Revue du 15 juin 1896.