entonnés, en majeure partie, dans la bouche des consommateurs, promenés sur les muqueuses de leur palais et, mêlés à la salive que fait jaillir ce contact, sont avalés enfin avec recueillement, ces deux millions et quart d’hectolitres ont trois sortes d’origines : près des sept dixièmes proviennent de la betterave, en nature ou en mélasse, après extraction partielle du sucre ; deux dixièmes sont tirés de l’orge, du maïs, du riz et de divers farineux. Le surplus, — un dixième environ, — est fourni par la distillation des raisins ou des pommes, soit en jus de premier pressurage, soit en marcs ou en lies.
Bien d’autres substances donneraient aisément de l’alcool : on cherche à implanter en France la culture de variétés de pommes de terre, riches en matières amylacées, pour les substituer aux céréales ; rien ne s’opposerait à ce qu’on y employât des carottes, des haricots, des châtaignes ou des glands. Il pourrait être fait de l’alcool avec du bois, du coton, des chiffons, c’est-à-dire avec la cellulose, très abondante dans le règne végétal, transformée en sucre fermentescible sous l’action de l’acide sulfurique concentré. Le « sucre de bâton de chaise, » mentionné naguère par un vaudevilliste comme une plaisanterie de grande dimension, n’est pas une hérésie scientifique. Le prix de revient de ces spiritueux est seulement trop élevé pour que le procédé puisse entrer dans la pratique industrielle.
C’est aussi le cas, jusqu’à ce jour, des alcools de laboratoire, — alcools de l’avenir peut-être, — créés déjà sans sucre, sans farine, et même sans bâton de chaise, par la seule réunion des élémens qui constituent le produit naturel ; théoriquement : C4H602. Il serait difficile, en demandant une bouteille ou un verre de C4H602, de se faire servir dans un établissement quelconque des boulevards ; mais, pour le chimiste, ce que les générations précédentes appelaient de l’ « esprit-de-vin, » et ce que les générations actuelles savent être l’esprit de beaucoup d’autres choses, n’est que la formule de l’alcool éthylique, deuxième série du premier groupe, — il y en a six, — des composés organiques de carbone, d’hydrogène et d’oxygène.
Combiner ces trois corps dans la mesure voulue et… verser, serait la plus simple chose du monde, si la préparation ainsi obtenue n’était beaucoup plus onéreuse que le cognac authentique des meilleurs crus. L’on affirmait, il y a quelques années, que le gaz acétylène, issu de la décomposition du carbure de calcium, et