consacré à la gloire des armées françaises, et qui, sous le symbole de l’uniforme, — dans des pages où l’érudition n’exclut jamais le charme, où le récit est toujours singulièrement intéressant, piquant, animé et conformée l’histoire, tandis que l’illustration est vraiment heureuse et bien entendue, — montre ce qu’ont été dans leurs succès et dans leurs revers les soldats de la France. C’est l’homme d’armes, tel qu’il fut et tel qu’il est devenu, pris sur la réalité, sans pose, dans sa fierté du drapeau, sa simplicité touchante, son endurance, son abnégation et son héroïsme. Le troupier n’y apparaît pas dominateur en ses harnais de gala, dans le fournissement de ses armes, flambant neuf, ni muscadin frisé, ni don César de Bazan, planté en saint-sacrement comme les peintres le représentent de préférence. Il est humain, avant tout et vrai, dans ces tableaux, qui ne sont point exclusivement ni de revues, ni de luxe, ni de scènes galantes, mais qui ne reproduisent pas seulement des épisodes et des désastres. Les compagnons de Jeanne d’Arc y traînent la jambe sous leurs loques, les bataillons de Sambre-et-Meuse y sont en sabots, Turenne n’a pas toujours la perruque à raie et à cadenettes. Quand il bat les Impériaux, il est fait comme un masque au mercredi des Cendres. Le petit chapeau de Napoléon, celui de février 1814, rougi par le vent, défoncé par les giboulées, minable et triste, émeut plus que la toque de velours emplumée du sacre.
L’Épopée est faite aussi de la chronique de la vie aux camps, des exercices pendant la paix. On y voit à la caserne le soldat s’éprendre de son fourniment et lui « faire le poil. » Mais elle est faite aussi de ces histoires hautaines et tristes, cueillies au vol de la bataille, pendant les marches et les campemens, simplement transcrites et mises par Job en belle lumière. On y entend des dialogues comme celui-ci : « Il faut raccommoder cela, grenadier, ton habit est percé. — Pardine, Sire, si vous croyez que les kaiserlicks tirent sur des becfigues ! — Tu es blessé ? — C’est plus que probable ; mais, avec vos sacrées revues, est-ce qu’on a le temps de s’inspecter le cuir ! » Tout y est juste, bien observé et bien rendu. Le Gaulois nu y tire la langue ; Cambronne, doré sur toutes les coutures, lâche une bordée célèbre. Bardée de fer, blanche ou tricolore, c’est toujours la Gaule, la France du Français, la terre des braves. Et l’uniforme, comme le drapeau, a, depuis, synthétisé le culte guerrier, en a fait quelque chose de très grand et de très sublime, qu’il n’a jamais été plus opportun de rappeler qu’aujourd’hui ! La forte impression que laisse la lecture de ce beau livre, M. Job a bien su l’exprimer dans ses deux cent cinquante compositions d’un caractère si original, d’une individualité si tranchée, œuvre