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Le césarevitch a rapporté de son voyage toutes les notes et vues à l’aide desquelles a été composé ce livre, remarquable à tous égards, dont la rédaction a été confiée à l’un de ses compagnons de route, le prince Oukhtomsky, homme de pensée et d’action, qui par ses travaux antérieurs, ses recherches approfondies sur l’Orient, notamment sur ses religions était plus que personne en état de comprendre les pays qu’il allait visiter, et qui, en peu d’années, a assisté à la réalisation de son rêve d’alors : voir la Russie tenir en respect le Japon, imposer son amitié à la Chine, protéger la Corée. Le voyage en Orient de S. A. I. le Césarevitch, accompli sous la direction du général prince Nad.-And. Baryatinsky, marque une étape glorieuse dans la vie du jeune souverain et dans l’histoire. Il a puissamment contribué à consolider, à étendre l’influence de la Russie dans le monde asiatique, trop longtemps immobile, où une grande révolution morale et économique est en train de s’accomplir, puisque la Sibérie deviendra prochainement un pays de transit international, tandis que la Chine, la Corée et la Mongolie seront bientôt accessibles par voie de terre. La traduction du journal de route faite par M. Louis Léger ne peut manquer de trouver aujourd’hui la plus grande faveur en France. Le panorama de la marche princière s’y déroule avec une variété de détails qui ne cessent de captiver l’attention. Les illustrations originales, le plus souvent hors texte, sont dues au grand artiste russe. M. N.-N. Karazine, le Gustave Doré de la Russie, qui excelle à reproduire ou à composer des scènes pittoresques, à synthétiser les paysages fantastiques de l’Orient. Inutile d’ajouter que le texte et les illustrations ont été imprimés et tirés avec le plus grand luxe par la maison Delagrave.

Avec ce volume sur Charles VII et Louis XI[1], le dernier de la série que Mme de Witt avait entrepris de publier, s’achève l’œuvre de reconstitution historique qu’elle a commencée avec les Premiers Rois de France. Nous assistons à l’entrée de Charles VII, entouré de sa garde écossaise, dans ces villes d’où il a chassé les Anglais, puis à ces assauts conduits par le Roi de Bourges devenu le Victorieux. Dans cette suite de gravures d’après les monumens, de reproductions en couleur d’après les manuscrits de l’époque, c’est tout un demi-siècle de la Renaissance qui s’évoque à nos yeux.

L’Épopée du costume militaire français[2] est encore un livre rare

  1. Charles VII et Louis XI, par Mme de Witt, 1 vol. gr. in-8o jésus, chromolithographies et gravures d’après les manuscrits et monumens de l’époque. Hachette.
  2. Épopée du costume militaire français, par M. II. Bouchot, avec dessins de Job, planches hors texte et en couleur, 1 vol. gr. in-4, L.-Henry May.