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ordinaires, mais les groupes de 3 courans alternatifs de phases différentes.

Pour développer ici la théorie des courans polyphasés, il faudrait entrer dans des explications mathématiques qui n’ont leur place que dans les ouvrages spéciaux. Bornons-nous à dire que l’emploi des courans alternatifs polyphasés rend possible le transport de l’énergie électrique dans des conditions économiques qui ne pouvaient être atteintes en bien des cas par les courans directs et par les courans alternatifs ordinaires. Leur découverte est certainement le plus grand progrès qu’on ait réalisé depuis dix ans dans le domaine des applications électriques.

Tout autre est le mode de fonctionnement et d’application des appareils qu’on a appelés accumulateurs et dont le prototype est la pile secondaire imaginée par Planté. Ils donnent un moyen de conserver l’électricité fabriquée d’avance et de ne la consommer qu’au moment voulu, soit sur place, soit en transportant les récipiens dans lesquels elle est accumulée aux points où elle doit être mise en œuvre. Les accumulateurs sont fondés sur l’expérience suivante.

Tout le monde connaît le voltamètre, petit appareil qui sert ordinairement à démontrer, dans les cours de physique, comment se fait l’électrolyse de l’eau, c’est-à-dire sa décomposition par l’électricité. Cet appareil est un simple vase en verre, à la base duquel aboutissent, par leurs extrémités, les conducteurs d’une pile communiquant avec deux lames de platine. Si le voltamètre est rempli d’eau acidulée par quelques gouttes d’acide sulfurique on constate, dès que le courant passe, la production de bulles d’oxygène au pôle positif, de bulles d’hydrogène au pôle négatif. Séparons le vase de la pile et réunissons les deux lames de platine par un fil métallique, nous reconnaîtrons que ce fil est traversé par un courant de sens inverse au premier. C’est ce phénomène élémentaire qui a été le principe des piles secondaires, ou accumulateurs, qui restituent l’électricité qu’elles ont reçue.

M. Planté, le premier, a donné une forme pratique à ces appareils, en remarquant que, si l’on emploie pour électrolyser l’eau deux lames ou électrodes de plomb, on obtient un contre-courant énergique. Le phénomène qui se produit est le suivant : l’oxygène qui se dégage au pôle positif attaque la feuille de plomb et la recouvre d’une couche d’oxyde pulvérulent ; l’hydrogène se dégage au pôle négatif. Lorsqu’on passe de la période de charge