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qui est l’intensité du courant capable de précipiter 4 grammes d’argent par heure ; celle du volt, qui est la force électromotrice ou pression d’un élément de pile Daniell ; celle de l’ohm, qui est approximativement la résistance électrique que présentent 100 mètres de fil de fer télégraphique de 4 millimètres au passage du courant. De cette façon un courant électrique peut être mesuré comme un courant d’eau circulant dans une conduite, ou comme une pièce de drap vendue par le marchand. Cela est indispensable pour la solution des problèmes multiples qu’entraînent les applications industrielles de l’électricité.


II

Ampère a attaché son nom aux lois qui régissent les actions réciproques des aimans et des courans. Il a montré qu’un courant électrique peut faire naître le magnétisme dans une masse de fer doux. L’expérience est facile à répéter. Si l’on place une aiguille de fer doux dans l’axe d’une spirale formée par un fil conducteur que traverse un courant, on constate que l’aiguille s’aimante dès que le courant passe, et se désaimante dès qu’il s’arrête. Cette expérience si simple contient le principe des électro-aimans et, par suite, celui du fonctionnement des machines magnéto et dynamo-électriques qui ont rendu possible la production de l’énergie électrique par grandes quantités.

Les premières machines magnéto-électriques, celles de Pixii et de Clarke, étaient surtout des curiosités de laboratoire. On ne connut de machine susceptible d’applications industrielles que lorsque l’électricien belge van Malderen construisit la machine qui reçut le nom de « Machine de l’Alliance. » Cet appareil, dont le type perfectionné par M. de Meritens n’existe plus qu’en de rares échantillons utilisés dans certains phares électriques, n’avait rien de comparable aux élégantes dynamos que l’on construit actuellement. C’était un ensemble disgracieux, lourd, mal ajusté, difficile à monter et facilement déréglable, d’aimans naturels en fer à cheval et de petites bobines de fils conducteurs disposées en couronnes sur des disques tournans. Cette machine, qui appartenait au type des générateurs de courans alternatifs, a servi, avec ses qualités et ses défauts, à l’alimentation des premières bougies Jablochkoff, lorsque celles-ci donnèrent son premier essor à l’éclairage électrique industriel.