la situation très scabreuse d’Elmire, une actrice habile pouvait tirer de l’embarras de la phrase :
- Qu’est-ce que… cette instance a dû vous faire entendre
- Que… l’intérêt… qu’en vous on s’avise de prendre,
- Et l’ennui… qu’on aurait… que… ce nœud qu’on résout…
Mais… le mot d’« instance » n’exprime ici que d’une manière bien vague ce qu’Elmire veut dire ; mais… les deux on qui se rencontrent et se contrarient dans le troisième vers ne se rapportent pas au même sujet, — « l’ennui qu’on aurait, » c’est Elmire ; « ce nœud qu’on résout, » c’est Orgon ; — et mais enfin… « résoudre un nœud » ce n’est pas former ou conclure un projet de mariage, et au contraire, en bon français, ce serait plutôt le rompre. Reconnaissons-le donc : si la pureté du style s’entend de la correction, et la correction de la parfaite régularité, nous n’irons pas jusqu’à dire avec le jeune Vauvenargues, « qu’il y a peu d’écrivains moins corrects et moins purs que Molière, » mais les incorrections sont nombreuses dans son œuvre, dans sa prose comme dans ses vers, et sans en excepter même celles de ses pièces que, comme son Tartuffe, il a eu tout le temps, entre 1664 et 1669, de revoir à loisir.
Les chevilles aussi y abondent, le remplissage, et ce que Malherbe appelait familièrement « la bourre » dans les vers de Ronsard :
- Vous savez mieux que moi, quels que soient nos efforts,
- Que l’argent est la clef de tous les grands ressorts.
- ( École des femmes, I, 6.)
ou encore :
- C’est être bien coiffé, bien prévenu de lui
- Que de nous démentir sur le fait d’aujourd’hui.
- (Tartuffe, IV, 3.)
ou encore ;
- Et n’allez pas quitter, de quoi que l’on vous somme,
- Le nom que, dans la Cour, vous avez d’honnête homme.
- (Misanthrope, I, 2.)
et encore :
- Pour moi, je ne tiens pas, quelque effet qu’on suppose,
- Que la science soit pour gâter quelque chose.
- (Femmes savantes, IV, 3.