L’attitude si ferme prise par les vrais représentans de la corporation arrêta toute tentative dégrève, et, dès le 14 au matin, il fut évident que l’appel du Syndicat Guérard ne serait pas obéi. Le personnel se trouva au complet, et les absences s’élevèrent à Paris et en province à un chiffre insignifiant.
Les autres grandes corporations firent de même. Les ouvriers du gaz, qui avaient été formellement sollicités d’adhérer à la grève, refusent de se joindre au mouvement. Il en est de même de l’importante Corporation des boulangers, sur laquelle le Comité de la grève avait cru pouvoir compter. Les Bouchers et employés des abattoirs de Paris, auprès desquels les meneurs avaient fait une propagande des plus actives, se prononcent également contre la grève générale. Le Syndicat du personnel des omnibus, dont on se rappelle les anciennes grèves, publie à son tour l’ordre du jour qui suit :
Considérant que la question suivante a été posée aux délégués des 48 dépôts de la compagnie : « Les employés de votre dépôt sont-ils partisans de la grève ? »
Considérant que 43 dépôts se sont uniquement prononcés pour la négative, que si la réponse des 5 autres n’est pas encore parvenue, le conseil croit savoir qu’elle sera conforme aux précédentes ;
Le conseil décide : La grève n’aura lieu pour aucune catégorie du personnel des omnibus.
Le Syndicat des cochers se prononce également contre la grève. Le Syndicat des fumistes et le Syndicat des ouvriers en voitures, dans des réunions tenues à la Bourse du Travail, déclarent que la grève générale ne pourrait amener que la misère pour les ouvriers sans aucun profit pour le prolétariat. Ainsi, à l’exception des peintres, des menuisiers et des maçons, toutes les corporations sérieusement organisées refusent d’obéir aux injonctions des organisations factices qui prétendent être les organes des syndicats, et le langage que tiennent leurs bureaux ressemble beaucoup à celui des anciennes trade-unions. La grève peut donc être considérée comme complètement finie le 14 octobre, et la Chambre syndicale des entrepreneurs de menuiserie et de parquets, « après avoir constaté que la grande majorité des ouvriers a su résister à des conseils dangereux, destinés à faire croire à un mouvement corporatif que rien ne motive, » insiste auprès de tous les patrons pour que, sans aucune arrière-pensée, ils accueillent comme par le passé dans leurs ateliers les ouvriers qui les