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Le mémoire explique ensuite que, dans les bordereaux dressés par les ingénieurs de la Ville pour servir aux adjudications récentes du Métropolitain, on prévoyait deux catégories de terrassiers, les uns payés 0 fr. 60, les autres 0 fr. 55, soit un prix moyen de 0 fr. 575. Avec les rabais de 10 et 15 pour 100 exigés par l’administration, les prix élémentaires de la série se trouvaient réduits à 0 fr. 42 et 0 fr. 44 le prix de l’heure d’ouvrier : « En payant 0 fr. 50, les entrepreneurs sont au-dessus des prix prévus dans les traités. Dans ces conditions, accorder une plus-value de 20 pour 100 sur les salaires serait la ruine assurée pour la majeure partie des entrepreneurs ayant des marchés en cours. C’est la Ville de Paris qui tient la clef de la question, et c’est du Conseil municipal seul que dépend la solution qu’il est le premier à pousser les ouvriers à réclamer. Il n’a qu’à décider que pour tous les travaux adjugés il sera tenu compte aux entrepreneurs de la Ville de l’augmentation de dépenses justifiées, résultant de la plus-value de la main-d’œuvre accordée par eux à partir du 1er octobre 1898. »

La Chambre syndicale des entrepreneurs de travaux publics, dont le siège est faubourg Montmartre, 10, protesta en même temps, et un manifeste fut adressé aux ouvriers, leur donnant les mêmes explications et établissant les prix de la main-d’œuvre d’après les cahiers des charges dressés par l’administration.

Le Conseil municipal se réunit le 3 novembre pour « aviser aux moyens de mettre fin à la grève » et se trouva saisi des propositions des entrepreneurs qui lui furent communiquées par le président, M. Navarre. Les explications données par lui furent assez embarrassées. Après avoir constaté quelques exagérations dans les chiffres indiqués au mémoire, il ajouta que les rabais souscrits dans les adjudications publiques ne pouvaient pas être légitimement appliqués aux salaires, qui doivent être considérés comme des salaires minimum ; mais, lorsque des conseillers lui demandèrent pourquoi cette clause n’avait pas été insérée dans les cahiers des charges et émirent le vœu de l’y faire figurer à l’avenir, il dut avouer que, par suite des décisions du Conseil d’État, cette clause était considérée comme illégale et ne serait pas approuvée par l’administration. La première solution indiquée par les entrepreneurs fut repoussée comme onéreuse par les finances de la Ville et dangereuse dans l’application. La seconde proposition fut également repoussée, le Conseil n’admettant pas