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Le 19 septembre, la Chambre syndicale du pavage, de la terrasse, du granit, du bitume, des égouts et canalisations se réunissait enfin en assemblée générale à son siège social, 3, rue de Lutèce, et se prononçait contre l’augmentation de salaires demandée par les ouvriers. Le président G. Curtet était chargé de transmettre cette décision aux syndicats ouvriers.

Le Comité central de la grève était au fond très inquiet. Les patrons semblaient disposés à la résistance et l’argent manquait ; le chômage se prolongeait depuis une semaine, et les souscriptions ouvertes dans certains journaux n’avaient encore produit que des résultats dérisoires. Quelques syndicats avaient voté des subventions, mais ces subventions ne dépassaient pas en général une centaine de francs, et il fallait nourrir 15 000 à 20 000 ouvriers sans travail. Le Comité décida l’envoi de deux délégués chargés de répondre à l’appel du juge de paix du IVe arrondissement, qui, conformément à la loi, avait lancé un appel à la conciliation. Mais cette tentative n’aboutit pas, car, la grève s’étant étendue à tous les arrondissemens, les juges de paix de Paris chargèrent le juge de paix du Xe arrondissement, M. Melsheim, de convoquer les présidens des syndicats en lutte. Ce n’était du reste qu’une simple manifestation destinée à concilier les sympathies du public. En même temps, le Comité central faisait décider que les délégués demanderaient à être entendus par le bureau du Conseil municipal de Paris. Et, cette fois, la démarche devait avoir des résultats considérables et donner une nouvelle direction à la grève.


II. — L’INTERVENTION DU CONSEIL MUNICIPAL

M. Navarre, président du Conseil municipal de Paris, avait convoqué le bureau du Conseil ; il reçut à l’Hôtel de Ville les délégués des terrassiers, et, après avoir entendu leurs réclamations, il leur déclara que leur cause était juste ; qu’ils avaient raison d’exiger des entrepreneurs le paiement intégral des prix de série ; et qu’ils pouvaient compter sur le concours le plus efficace du Conseil municipal. Dès le lendemain, 20 septembre, il faisait inviter par dépêche les présidens des trois chambres syndicales patronales à venir conférer avec lui à l’Hôtel de Ville. Les présidens refusèrent de se rendre à cet appel.

L’attitude des membres du bureau du Conseil municipal était