renoncé à donner à l’arrangement la forme d’un traité à échéance fixe, et qu’il procède par une loi et par un décret toujours révocables. Toutefois, l’intention commune aux deux parties a été de faire œuvre durable, et destinée à être développée plutôt que restreinte, à mesure que les circonstances s’y prêteront.
Est-il, en effet, téméraire d’espérer que nous entrons dans une phase nouvelle, où nos rapports avec nos voisins iront encore en s’améliorant ? Cela, d’ailleurs, dépendra de l’Italie surtout. Notre liberté envers elle est entière ; nous ne sommes gênés par aucun engagement de l’ordre politique pris avec une puissance quelconque ; nous n’éprouverons aucune difficulté à être pour elle ce qu’elle sera pour nous.
On a déjà vu que nous avions toujours modifié notre attitude dès qu’elle avait modifié la sienne. Il n’y a jamais eu en France le moindre sentiment d’animosité à l’égard de l’Italie. Nous n’avons à aucun moment oublié le passé, ni désespéré de l’avenir. De grands malentendus se sont produits ; ils doivent disparaître un jour ou l’autre ; quand disparaîtront-ils tout à fait ? Si le proverbe était toujours vrai, d’après lequel il n’y a que le premier pas qui coûte, le pas qui vient de se faire devrait être suivi de plusieurs autres. Mais ne nous faisons pas d’illusion sur l’importance de l’acte qui vient de s’accomplir : il serait aussi imprudent de l’exagérer que de l’amoindrir. Un obstacle disparaît entre nous, voilà tout. A chaque jour sa tâche ; nous venons d’accomplir celle d’aujourd’hui. Le symptôme le plus heureux que nous ayons constaté à cette occasion est qu’il y a eu, des deux côtés des Alpes, un élan vraiment unanime de satisfaction à la nouvelle de l’arrangement. Les critiques ne sont venues que plus tard, et jusqu’ici elles n’ont été ni bien vives, ni bien nombreuses ; mais au premier moment, il semble que les cœurs aient parlé en toute spontanéité, comme si deux amis, après une brouille passagère, se reconnaissaient subitement et se tendaient la main. Cela est de bon augure. Il y a cependant, en Italie, un parti qui n’est pas satisfait et qui, après la surprise du premier moment, commence à exprimer son mécontentement, c’est le parti crispinien. Il n’a pas d’analogue en France : on chercherait vainement chez nous un groupe, si minime fût-il, pour s’opposer systématiquement à un rapprochement entre les deux pays, on y chercherait plus vainement encore un homme politique qui eût pour programme de maintenir entre eux et d’aigrir la mésintelligence. Nous voudrions être sûrs qu’il en est tout à fait de même à Home, et il en serait ainsi sans l’opposition de M. Crispi et des amis qui lui