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recours précisément à une membrane de ce genre, qui n’était perméable que pour l’un des liquides osmotiques, pour l’eau, mais qui interdisait le passage à toute matière saline. Cette espèce de cloison, qui supprime le courant exosmotique et qui n’admet de libre circulation que pour l’eau, est ce que l’on appelle une cloison semi-perméable. On l’obtient au moyen d’un procédé chimique qui est l’application d’une remarque faite antérieurement par Traube. Lorsque l’on fait tomber une goutte de ferrocyanure de potassium dans une solution de sulfate de cuivre, il se forme à la surface de la goutte une enveloppe membraneuse de ferrocyanure de cuivre, de consistance gélatineuse, qui empêche désormais le sulfate de cuivre de pénétrer à l’intérieur ; mais cette membrane peut donner accès à l’eau ; elle l’emprunte en effet à la solution sulfatée et se gonfle. On ne peut pousser bien loin les recherches avec une capsule de ce genre, parce que sa paroi est extrêmement délicate et facile à rompre. Mais on est parvenu à la renforcer, en lui donnant pour support un vase de pile en terre poreuse. Telle est la partie essentielle de l’osmomètre de Pfeffer. À ce vase est adapté un tube manométrique. On place à l’intérieur une solution de sucre ; au dehors se trouve l’eau pure. L’appareil fonctionne comme celui de Dutrochet. Pfeffer l’a fait servir d’ailleurs aux mêmes recherches, conduites seulement avec une précision plus grande. Les nombres obtenus par l’auteur figurent maintenant dans les tables des constantes physiques et servent de base à toutes les déterminations qui font intervenir le phénomène osmotique. En particulier elles ont été employées aux vérifications de la théorie de van t’Hoff.

Tandis que les déterminations de Pfeffer et les spéculations de van t’Hoff renouvelaient la question de l’osmose au point de vue physique, un botaniste hollandais bien connu, de Vries, l’abordait au point de vue de la physiologie végétale par un côté tout différent. Son exemple et ses conseils déterminaient un de ses compatriotes, M. Hamburger, à poursuivre dans le domaine de la physiologie animale des études analogues. Et c’est ainsi que s’est créé en biologie un mouvement scientifique dont nous aurons bientôt à faire connaître le principe et les résultats.


A. DASTRE.