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physiques, — celles-ci résultant elles-mêmes de groupemens d’atomes soumis aux forces chimiques, — mais d’associations de molécules, d’édifices moléculaires ayant figure, que Naegeli a appelés micelles. La micelle est, au-dessus de l’atome et de la molécule, un troisième élément de constitution. Parmi les propriétés des micelles qui se rapportent à notre sujet, il faut mentionner l’attraction qu’elles exercent sur elles-mêmes et l’attraction plus grande qu’elles exercent sur l’eau. Dans les corps organisés, desséchés, les micelles sont rapprochées, serrées en ordre compact, séparées les unes des autres par une couche d’eau mince et adhérente à leur surface. Dans le corps organisé humide, soumis à l’imbibition, les élémens micellaires avides d’eau l’ont attirée avec plus de force qu’ils ne s’attirent eux-mêmes, de telle sorte qu’ils ont été écartés pour lui faire place. C’est ainsi, par interposition des molécules aqueuses entre les micelles organiques, que se produit le gonflement. Il faut ajouter que les micelles elles-mêmes sont unies en chaînes ou filamens ; ceux-ci, d’après toutes les observations microscopiques, sont disposés en réseaux à mailles plus ou moins larges dont les lacunes ou interstices logent une partie de l’eau qui imbibe la matière : et enfin, cette matière organisée est elle-même modelée en fibres, en cellules, et prend la figure des divers élémens anatomiques.

Il résulte de ces explications que l’eau peut se trouver dans la membrane osmotique organisée, à trois états qui diffèrent par le degré de mobilité de ses molécules. Une partie existe autour de chaque molécule de l’édifice micellaire ; elle y est à l’état immobile : c’est l’eau de constitution. Une seconde portion forme comme une atmosphère autour de la micelle ; elle y constitue des zones concentriques dont la plus voisine de la surface micellaire est aussi la plus fortement fixée tandis que les couches plus éloignées sont de plus en plus lâches et mobiles : c’est l’eau d’adhésion. Enfin, entre ces micelles entourées de leur atmosphère aqueuse, dans leurs interstices, l’eau de capillarité ; celle-ci libre et mobile.

La diffusion à travers les membranes ne s’accomplit, selon les termes mêmes de Pfeffer, que par l’eau de capillarité et l’eau d’adhésion. L’eau qui, dans l’osmomètre, chemine dans l’épaisseur de la cloison obéit en partie à la capillarité ; mais une autre partie, l’eau d’adhésion, est sujette à entrer en union passagère avec les atmosphères aqueuses des micelles : c’est de l’eau asservie