lui procurer un engagement solide » de la part de Louis XV. L’affaire, à peine entamée, prenait immédiatement une tournure favorable. La duchesse de la Vallière, à laquelle il s’ouvrait d’abord de ses desseins, l’assurait « avec des transports de joie » qu’elle lui donnerait sa fille « du meilleur cœur du monde. » Le duc emportait sa requête à Compiègne, la présentait lui-même au roi, qui n’y paraissait pas hostile. Une entrevue avec Mme de Pompadour donnait encore plus d’espérance ; et un billet confidentiel de M. de Saint-Florentin[1] informait peu après le duc de la Vallière que « le roi consentait que M. le prince de Monaco, et ses enfans seulement, jouissent à la Cour des honneurs dont avaient joui les princes ses prédécesseurs, sans qu’il y soit rien innové, ni qu’ils en puissent prétendre davantage. » Sur quoi, Honoré triomphant voit déjà ville gagnée. Sa vanité flattée lui fait négliger sa prudence ordinaire ; il informe la marquise, tristement retournée en son palais de Gênes, du succès de sa politique ; et, pour se montrer beau joueur, lui renvoie du même coup, par un messager sûr, le fatal engagement souscrit par Marie-Catherine[2]. Il se dessaisit sans regret d’une arme jugée désormais inutile ; l’ivresse de la victoire lui a, pour un moment, rendu l’âme généreuse.
C’était, — il le vit bien, — trop tôt emboucher la trompette, et l’infortuné prince apprit à ses dépens qu’en politique, comme en amour, il ne faut point faire fond sur les promesses des hommes. La lettre du comte de Saint-Florentin, indiscrètement divulguée, soulevait tout à coup des orages à la Cour. Les ducs et pairs du royaume protestaient d’une voix unanime contre une faveur, où ils prétendaient voir l’octroi d’une « grâce nouvelle, » insolite envers un étranger. Devant « ce bruit furieux, » Mme de Pompadour, surprise et comme intimidée, battait en retraite et changeait de langage. Aux nouvelles instances d’Honoré, Louis XV et sa maîtresse opposaient une froideur croissante. Enfin, le 30 juillet, le duc de la Vallière recevait de la main royale un billet décisif, mettant à néant tout espoir : « Mon cousin, c’est après avoir bien examiné toutes les pièces de M. de Monaco que j’ai donné ma décision, et je n’y veux rien changer. Je serai fâché que votre mariage se rompe