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arrondissemens de Paris. Les avantages qu’elle assure sont les mêmes que ceux de son émule : soins médicaux, frais funéraires. Elle n’a pas cru pouvoir entrer dans la voie des retraites ; mais, à toute sociétaire qui accouche, elle alloue une somme de cinquante francs sous la condition qu’elle restera quatre semaines sans travailler, et elle ajoute une prime de vingt-cinq francs, si la mère allaite elle-même son enfant. Tout cela est excellent ; voyons ce que cela coûte et comment il est fait face aux dépenses.

Les dépenses de la Couturière se sont élevées, en 1897, à 30 202 fr. 40, ainsi divisés : frais de gestion, 8 358 fr. 65 ; frais médicaux, frais funéraires et secours, 21 843 fr. 80 c. En regard, nous trouvons 33 888 fr. 75 de recettes, ce qui constitue assurément une situation financière satisfaisante. Ces recettes, au point de vue de leur origine, se décomposent ainsi : intérêts des fonds placés, 5 149 fr. 75 ; cotisations des membres honoraires, 3 730 ; cotisations des sociétaires participantes, 25 009. Les dépenses étant de 30 202, le déficit serait de 5 000 francs en chiffres ronds sans les cotisations des membres honoraires et les intérêts des fonds placés qui proviennent de libéralités antérieures. Notons cependant que, dans cette société, la cotisation des participantes suffit à faire face aux frais médicaux et indemnités, ce qui est rare. Mais pour arriver à ce résultat satisfaisant, la Couturière est obligée de demander à ses participantes une cotisation de 25 francs. Le chiffre est élevé, supérieur de 9 francs à la moyenne générale de Paris, qui est, on se le rappelle, de 16 francs. Les sociétaires de la Couturière peuvent payer cette cotisation, parce qu’elles appartiennent presque toutes à la catégorie privilégiée des ouvrières de la grande couture, qui travaillent dans les maisons de la rue de la Paix ou des environs du boulevard, qui touchent des salaires élevés et souffrent peu du chômage. L’œuvre est excellente, bien administrée, mais les cotisations mêmes des membres honoraires ne suffisent pas à la maintenir habituellement en équilibre, et elle ne se tire d’affaire qu’en faisant tous les ans appel à la charité, sous la forme d’un concert ou d’un bal.

C’est à une catégorie beaucoup plus modeste d’ouvrières que s’est proposé de venir en aide la Mutualité maternelle. Cette société, beaucoup plus récente, doit sa création à un homme dont le nom est non moins honorablement et anciennement connu que celui du fondateur de la Couturière. Son dévouement a trouvé de précieux concours non pas seulement chez ses rivaux et rivales