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POÉSIE


LA MER


I


Entre les durs rochers qui bordent le ravin
J’ai vu monter au ciel l’éblouissante aurore ;
La face de la mer était d’un bleu divin.

D’une brume idéale enveloppée encore,
La mer ouvre son cœur, indomptable et charmant,
Au soleil matinal dont le feu la colore.

Elle sourit à son impérial amant,
Au héros casqué d’or, qui s’enflamme pour elle ;
Elle sourit, candide et bleue, infiniment.

La Vierge a retrouvé sa grâce naturelle,
Ses yeux de pur amour et son calme enchanté,
Et dans l’azur profond j’entends la tourterelle.

Mais du tranquille abîme un soupir est monté,
La lumière pâlit et la brume s’allonge
Comme une robe d’ombre autour de la beauté.

Il a surgi sur l’eau des visages de songe
Lentement tout le ciel à la mer s’est uni,
Et voici se dresser le palais du mensonge.


II


Oh ! quelles îles d’or et quel pays béni
S’épanouissent tout là-bas, dans le mystère ?
Ne vois-je pas le grand chemin de l’infini ?