Ce permis, ce certificat spécial qui crée le free miner et qui l’autorise à tuer le gibier, à pêcher le poisson, à couper le bois, à chercher l’or, on le paye 40 dollars par an. L’enregistrement de la concession coûte 15 dollars et la même perception se renouvelle les années suivantes avec une taxe additionnelle de 100 dollars ; total 115. D’autre part, les lots sont réunis par séries de dix et la Couronne se réserve d’avance tous les groupes impairs, sauf au ministre de l’Intérieur à en disposer, s’il y a lieu, par voie d’enchères ou autrement. Puis, sur tout l’or réalisé, le fisc maintenant prélève un droit régalien de 10 pour 100, vraie dîme en nature. Que si un claim arrive à produire plus de 500 dollars par semaine, l’excédent paye 20 pour 100, au lieu de 10. Tout retard ou toute fraude, dans l’acquittement des droits, entraîne l’expropriation pure et simple. Enfin, si exorbitante que la chose paraisse, il suffit que sur un lot concédé le travail se soit interrompu, en été, pendant trois jours, soixante-douze heures, pour qu’il puisse y avoir déchéance, à moins de force majeure ou d’autorisation préalable du commissaire de l’or. En revanche, moyennant un simple timbre de 2 dollars, tout ou partie du lot peut être vendu, donné, hypothéqué par l’ayant droit, et rien ne s’oppose à ce qu’un acquéreur à titre onéreux, une compagnie, par exemple, réunisse, s’il lui plaît, dix, vingt, trente parts[1]. Il est clair qu’un tel régime ne promet rien de bon aux tard venus, à moins que ce ne soient de gros capitalistes ; et encore !
Que vont devenir dès lors les imprudens qui, sur la foi de réclames mensongères, partaient il y a quelques mois de Liverpool ou du Havre ? Trouver un placer inédit, leur inexpérience ne leur en laisse guère la possibilité ; acheter un claim ayant fait ses preuves, leurs moyens ne le leur permettent pas ; à peine arrivés au terme d’une laborieuse odyssée, leurs espérances vont, une à une, se changer en déceptions, et, s’ils ne saisissent pas la première occasion qui se présentera de se faire embaucher pour gagner leur pain quotidien, ils risqueront de se trouver bientôt réduits au plus cruel embarras.
Il y a un an, les chefs de services de Dawson City, c’est-à-dire M. l’inspecteur de la police à cheval, M. le receveur des douanes et M. le commissaire de l’or, seuls mandataires du gouvernement canadien, purent se demander s’ils n’allaient pas voir mourir de
- ↑ En novembre 1897, au lieu dit Discovery, sur la Bonanza, les trois claims n" 27, 28 et 29 ont été achetés simultanément moyennant 1 700 000 francs.