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ont plus ou moins simplifié ou compliqué ces calorimètres à air. D’autres, à l’exemple de Dulong et de Despretz, ont fait usage des calorimètres à eau et à mercure, — ou comme Liebermeister, Winternitz et Lefèvre ont eu recours à la méthode des bains. Il y a là un mouvement de recherches très étendu qui a conduit à des résultats fort intéressans.

On peut encore arriver au résultat d’une autre manière. Au lieu de surprendre le courant d’énergie à la sortie et sous la forme de chaleur on peut essayer de le capter à Centrée sous forme d’énergie chimique potentielle. L’évaluation peut précisément être faite avec la même unité de mesure que la précédente, c’est-à-dire en calories. C’est grâce aux conquêtes de la thermochimie et aux principes posés dès 1864 par M. Berthelot que cette féconde manière d’aborder le dynamisme nutritif a été rendue possible. Les physiologistes, à l’aide de ces méthodes, ont établi les bilans d’énergie pour les êtres vivans placés dans des conditions diverses, comme auparavant ils faisaient des bilans de matière. Et si l’on demande à quoi ont abouti tant de recherches, nous répondrons que, tout en ayant fait connaître un nombre infini de faits particuliers dont nous ne pouvons parler ici, elles ont précisément servi à édifier la doctrine générale de l’énergétique biologique, cette conception féconde qui nous permet, dans cet exposé, de déduire, comme conséquence de trois lois infiniment simples, l’explication des phénomènes les plus intimes et les plus controversés de la nutrition.

Les exemples abondent de la fécondité de ces idées et de leur puissance intuitive. Prenons, pour nous bornera un seul point, la longue erreur des physiologistes qui croyaient, avec Béclard, à la transformation, dans l’organisme, de la chaleur en travail mécanique. Avec le secours de la doctrine, cette erreur n’est plus possible. Elle nous montre le courant d’énergie se divisant au sortir de l’être vivant en deux branches divergentes, Tune thermique et l’autre mécanique, étrangères l’une à l’autre, quoique issues toutes deux du même tronc commun, et n’ayant entre elles d’autre rapport que celui-ci, à savoir que leurs débits additionnés représentent le total de l’énergie en mouvement.

Recouvrons maintenant ces notions si simples des mots plus ou moins barbares en usage dans la physiologie. Nous allons immédiatement nous convaincre que, selon le mot de Buffon, « le langage de la science est plus difficile à connaître que la science