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circulus d’énergie ; mais celle-là déjà n’a plus rien de nécessaire, de fatal, puisque le mouvement et l’usage de la force sont subordonnés à la volonté capricieuse de l’animal. D’autres fois, encore, c’est un phénomène électrique qui termine le cycle vital, et c’est en effet ainsi que les choses se passent dans le fonctionnement des nerfs et des muscles chez tous les animaux et dans le fonctionnement de l’organe électrique chez les poissons, tels que la raie et la torpille. Enfin, le terme peut être un phénomène lumineux ; et c’est ce qui arrive chez les animaux phosphorescens.

Il est inutile d’énerver les principes, en énumérant ainsi toutes les restrictions qu’ils comportent. On sait assez qu’il n’y a pas de principes absolus dans la nature. Disons donc que l’énergie qui anime temporairement l’être vivant lui est fournie par le monde extérieur sous la forme exclusive d’énergie chimique potentielle ; mais que, si elle n’a qu’une porte d’entrée, elle a deux portes de sortie : elle fait retour au monde extérieur sous la forme principale d’énergie calorifique, et sous la forme accessoire d’énergie mécanique.

Il est clair, d’après cela, que si le flux énergétique qui circule à travers l’animal en sort, indivis, à l’état de chaleur, la mesure de cette chaleur devient la mesure même de l’énergie vitale, dont l’origine première remonte à l’aliment. Si le flux se partage en deux courans, mécanique et thermique, il faut les mesurer l’un et l’autre et additionner leurs valeurs. Dans le cas où l’animal ne produit pas de travail mécanique et où tout finit en chaleur, il suffit de capter ce flux énergétique, à la sortie, au moyen d’un calorimètre pour avoir une évaluation en grandeur et en nombre de l’énergie en mouvement dans l’être vivant. Les physiologistes disposent, à cet effet, d’une instrumentation variée. Lavoisier et Laplace se servaient du calorimètre de glace, c’est-à-dire d’un bloc de glace dans lequel ils enfermaient un animal de petite taille, un cobaye ; et ils appréciaient sa production calorifique par la quantité de glace qu’il avait fait fondre. Dans une de leurs expériences, par exemple, ils trouvèrent que le cochon d’Inde avait fait fondre 341 grammes de glace dans l’espace de dix heures, et dégagé, en conséquence, 27 calories.

On a imaginé, depuis, des instrumens plus parfaits. M. d’Arsonval a employé un calorimètre à air qui n’est autre chose qu’un thermomètre différentiel très ingénieusement agencé et rendu enregistreur. MM. Rosenthal, Richet, Hirn et Kaufmann, Lefèvre,