s’il avait daigné regarder la société catholique ; et, ce qu’il ne trouvait pas ailleurs de « français, » — dans les institutions politiques, dans les mœurs ou dans les habitudes — il l’eût vu là. Ce sont des missionnaires français qui ont les premiers « christianisé » les régions des Grands Lacs et du Mississipi, les « nations » des Illinois, des Akensas, des Natchez ; et Chateaubriand n’a point inventé le Père Souël. « Les colonies anglaises ne possédaient, a dit Mgr Ireland, qu’une petite portion du territoire de notre République. Tout le Far West, tout le Midi étaient français ; » et les noms de Détroit, de Vincennes, de Duluth, de Saint-Paul, de Saint-Louis le rappellent. » Mais un René plus romanesque et plus tragique encore que celui de Chateaubriand, c’est l’abbé de la Clorivière, un autre Français, qui s’était appelé dans le monde J. P. Picot de Limoëlan, le compagnon de Georges Cadoudal, et, si nous en croyons l’histoire, — mais sa famille a toujours protesté, — l’un des auteurs du complot de la « Machine infernale. » Ce chouan repenti et converti a été aux États-Unis l’organisateur des communautés de la Visitation, et on y en compte actuellement vingt-deux. D’autres ordres, également français d’origine, ne s’y sont pas moins répandus : les sœurs de Saint-Vincent de Paul, par exemple, ou les Petites Sœurs des Pauvres, ou les sœurs du Bon-Pasteur, qui demeurent toutes étroitement attachées aux maisons mères de France : Paris, Saint-Pern, Angers. Et pourquoi, — si ce n’est pas sans doute avec de « bonnes paroles » seulement que l’on bâtit des églises, que l’on entretient des missionnaires, que l’on ouvre des écoles, que l’on soulage des misères, — pourquoi n’ajouterions-nous pas ce détail, que, depuis 1822, époque de sa fondation ou de sa réorganisation, l’œuvre éminemment française de l’Association pour la Propagation de la Foi, n’a pas contribué pour moins de 20 millions de francs aux nécessités de l’Église d’Amérique ?
L’histoire des progrès ultérieurs du catholicisme aux États-Unis est écrite, d’une part, dans les Annales de la Propagation de la Foi, et, de l’autre, dans la collection des Actes des Conciles d’Amérique[1]. C’est là qu’on peut voir, dans les lettres des
- ↑ Acta et decreta conciliorum recentiorum, Fribourg-en-Brisgau, 1875, Herder, t. III ; et Acta Concilii Plenarii Baltimorensis Tertii ; Baltimore, 1884, Murphy.