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ont stimulé les ambitions. En Angleterre, c’est M. Webb, qui, après s’être voué aux imitations de la verrerie antique, et après s’être adonné à la copie du vase de Portland, a voulu aller plus loin et trouver de nouveaux effets de couleur. En Autriche, c’est M. Lobmeyr, qui s’est appliqué à rendre aux anciennes verreries de Bohême leur éclat d’autrefois par l’opulence de scintillans émaux. En Italie, ce sont les fabriques de Murano qui ont fait refleurir la gloire des verreries vénitiennes de la Renaissance. En Allemagne, c’est M. Kœpping, qui réalise avec le verre des prodiges de vases dont la forme gracile est empruntée à des fleurs plus légères qu’un souffle. En Amérique, enfin, c’est M. Tiflany, qui, non content de fabriquer des vitraux qu’on dirait faits avec de l’agate en fusion, ou des verres à reflets métalliques qu’on croirait sortis de l’atelier d’un alchimiste, se met encore à façonner des ameublemens complets en verre, témoin cet autel extraordinaire qu’il envoya au mois de mai dernier à la Galerie des Machines. En un mot, partout la ruche des verriers est en travail, et c’est à qui nous ménagera quelque curieuse surprise. Dans ces conditions, il nous semble impossible que l’Exposition universelle de 1900 ne nous apporte point des démonstrations nouvelles dont profitera l’avenir. On peut beaucoup attendre d’une industrie qui, comme celle du verre, se prête si aisément à tant de manifestations et qui répond à des besoins si différens dans notre société moderne.


JULES HENRIVAUX.