nymphes, ne renvoient à la femme que sa propre image idéalisée, resplendissant dans la perfection des formes. La chaire d’antan, aux raideurs hiératiques, est remplacée par tout un mobilier qui amuse par ses complications. La toilette, qui s’ingéniait naguère à cacher les attraits du corps, sert maintenant à les faire valoir ; l’or des chevelures apparaît, la poitrine se découvre, la taille s’assouplit et s’allonge. Les longs repas encombrés d’épaisses nourritures se changent en de joyeux festins, animés par la causerie, attendris par la musique. Les fêtes se déroulent dans leur ordonnance savante, et elles semblent moins être de brillans épisodes que l’aboutissement naturel et la forme supérieure de l’existence d’alors. Toutes ces belles choses font un cadre à la beauté de la femme ; ou peut-être est-ce cette beauté qui, en s’y reflétant, les fait belles. Car on disserte sur cette idée de beauté. C’est une notion qui échappe quand on veut la saisir. En quoi serait-il paradoxal de dire qu’une campagne est belle, qu’une œuvre est belle, que la vie est belle, quand elle nous apparaît transfigurée par la présence d’une femme ?
La haute culture de l’esprit étant considérée comme le plus grand bien, celui qui donne son prix à la vie, les femmes n’ont garde d’y rester étrangères. Ce n’est pas assez de dire que les femmes de la Renaissance sont instruites ; elles sont savantes. En Italie, elles reçoivent la même éducation que les hommes ; fils et filles font les mêmes études. Bembo n’a-t-il pas dit : « Une petite fille doit apprendre le latin : cela met le comble à ses charmes ? » On n’en doutait pas. C’est d’après ce principe que les filles de haute naissance étaient mises de bonne heure aux lettres antiques. Marie Stuart faisait à douze ans des discours en latin. Marguerite de Navarre savait assez de grec pour lire Platon ; à quatorze ans, la reine Elisabeth traduisait une œuvre de Marguerite : le Miroir de l’âme pécheresse. C’est la même passion de savoir qui s’empare alors de tous les esprits. Seulement, différant en cela des hommes de leur temps, et, si l’on veut, des femmes d’aujourd’hui, les femmes de la Renaissance n’apprennent pas toutes choses indistinctement, et pour la puérile satisfaction d’apprendre. Elles laissent de côté tout ce qui ne s’adresse pas à l’imagination et à la sensibilité. Elles négligent les sciences, elles raffolent de littérature et de musique. Ou plutôt, du jour où les femmes se mettent à lire, ce sont toujours les mêmes livres qu’elles Usent, ceux qui leur parlent d’elles. La philosophie subtilise sur les questions d’amour ; c’est pourquoi les femmes sont philosophes. Dans la poésie, dans les romans, dans les nouvelles, l’amour est l’unique sujet : c’est aussi bien ce genre de