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qui puisent au contraire dans leur religion une charité, une douceur, une beauté morale que nul agnosticisme n’aurait pu leur donner ? Ou, si elle connaît de telles religieuses, comment ne s’avise-t-elle pas d’en mettre une sur le chemin de Laura Fountain, ne serait-ce que pour faire contraste avec sœur Angela et ses « cafardes » compagnes ? Mais elle n’a garde, étant d’avance résolue à nous dégoûter du catholicisme. Et il n’y a pas, dans toute sa peinture des mœurs catholiques, une seule partie où ne se retrouvent les mêmes procédés. Elle nous peint le catholicisme comme naguère un de ses compatriotes nous peignait le caractère russe, dans une série d’articles de la Fortnightly Review. « Tous les Russes sont menteurs, » disait cet ethnographe, et aussitôt il citait l’exemple d’un Russe qui avait menti. « Tous les Russes sont des voleurs, » poursuivait-il, et il reproduisait, en manière d’argument, un extrait de la Gazette des Tribunaux de Saint-Pétersbourg. Nous n’irons pas jusqu’à dire, à notre tour, que c’est là un mode de généralisation commun à tous les écrivains anglais : mais Mrs Humphry Ward, à coup sûr, en a fait un usage vraiment excessif.


Elle l’a fait au grand détriment de sa thèse, qui consistait à nous démontrer la supériorité de la « nouvelle » foi sur « l’ancienne. » L’atmosphère morale et intellectuelle du catholicisme est-elle vraiment irrespirable pour une âme qui a « la conscience de sa dignité ? » La « stature spirituelle de la race humaine » a-t-elle vraiment grandi ? Nos pieds « foulent-ils un sol plus noble » que celui où se sont attardées les générations précédentes ? Autant de questions qui méritent sans doute d’être discutées : mais certes ce ne sont pas les mésaventures de Miss Laura Fountain qui peuvent, le moins du monde, leur servir de réponse. Et nous ne saurions trop regretter qu’au lieu des deux vers latins qu’elle a mis en tête de son livre, Mrs Humphry Ward ne se soit pas rappelé plutôt deux vers d’Horace, qu’un critique italien vient de citer, fort à propos, dans une étude consacrée à Helbeck of Bannisdale[1], — les vers où le vieux poète disait à sa Muse :


… desine, pervicax,
Magna modis tenuare parvis !
  1. M. Carlo Segré, dans la Nuova Antologia du 1er octobre 1898.