l’embouchure du fleuve. Le cours de la Bénoué fut exploré en 1833 par le lieutenant Allen.
La mainmise par l’Angleterre sur cette partie de la vallée du Niger n’a eu lieu que longtemps après les découvertes de ses explorateurs : elle ne remonte qu’à quelques années à peine. Non pas que le Foreign-Office ait montré pour le bassin du Niger une indifférence pareille à celle dont il avait fait preuve pour le littoral du golfe de Guinée, mais bien parce qu’il n’entrait pas dans ses vues de procéder à l’occupation de cette région d’une manière prématurée. La politique coloniale de l’Angleterre est une politique à longue portée ; elle ne se révèle pas brusquement par des coups de théâtre ; elle est surtout ennemie de l’intervention armée et de tout ce qui peut la provoquer. Vis-à-vis des populations sauvages ou à demi civilisées de l’Afrique qu’elle a voulu rattacher à sa domination, l’Angleterre a eu depuis le commencement du siècle une manière d’agir constamment la même. Elle envoie d’abord l’explorateur qui fait connaître dans ses grandes lignes la physionomie de la contrée, puis le missionnaire qui fonde des stations durables et gagne la confiance des indigènes ; plus tard survient le commerçant qui par le trafic crée de nouveaux besoins ; enfin, quand le terrain est jugé suffisamment préparé, c’est l’administrateur qui arrive et prépare l’annexion définitive, laquelle a lieu la plupart du temps sans coup férir. Grâce à cette ligne de conduite habile et prudente, l’Angleterre a acquis d’immenses domaines dans l’Afrique australe, des environs du Cap au cours du Zambèze, et de ce fleuve au Tanganyika et aux limites extrêmes du Congo. Successivement les Namaquas, les Bassoutos, les Griquas, les Bechuanas, les peuplades du lac Nyassa sont venus ainsi au cours du siècle grossir le nombre des sujets de la reine en Afrique australe ; et, en ce moment même, de pareils moyens mis en œuvre vont placer sous la domination britannique le pays des Barotsés. Les choses ne se sont pas passées autrement dans la vallée inférieure du Niger.
Dès la révélation de l’existence du cours du Niger et de la Bénoué, on avait compris en Angleterre l’importance sans rivale de ces deux magnifiques voies fluviales qui partaient de l’Océan et pénétraient au cœur de l’Afrique centrale, et l’on songea à tirer parti de la découverte pour le plus grand profit du pays. En 1841, fut organisée la « grande mission du Niger, » qui se proposa d’étudier à la fois les ressources du pays et les voies et moyens