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peu scrupuleux empiétemens. La France et l’Angleterre durent se résigner, faire la part du feu, et signer avec l’Allemagne un acte diplomatique, qui eut du moins le mérite de couper court à des agissemens ultérieurs. Par les protocoles des 14 et 28 février 1886, l’Angleterre reconnut à la nouvelle colonie allemande la frontière de la moyenne Volta ; et la France, par le traité du 1er février 1886, céda au Togo les territoires de Lomé et de Ba-guida, de Porto-Seguro et de Petit-Popo. Rassurées désormais de ce côté, la France et l’Angleterre firent ce qu’elles auraient dû accomplir beaucoup plus tôt, et, par une convention spéciale en date du 10 août 1889, déterminèrent les lignes de démarcation entre leurs divers établissemens. Cette convention ne fit guère d’ailleurs que consacrer la situation déjà acquise de ces deux puissances à la côte occidentale d’Afrique : elle reconnut à l’Angleterre la possession de la côte d’Or, de la côte de l’Huile et de la côte des Esclaves, à l’exception du littoral dahoméen ; à la France, la possession de ce même littoral et de la côte d’Ivoire. Sur un développement total de près de deux mille kilomètres que présente la côte de Guinée à partir du rio Cavally jusqu’à l’embouchure du Niger, douze cents kilomètres furent reconnus appartenir à l’Angleterre et sept cent cinquante à la France : cinquante kilomètres de frange littorale formaient déjà le lot de l’Allemagne. Les chancelleries s’entendirent, en outre, pour prolonger la ligne de démarcation depuis la côte jusqu’au 9e parallèle ce qui donna à chaque colonie une profondeur moyenne de trois cent cinquante kilomètres environ dans l’intérieur du continent.


II

La côte du fond du golfe de Guinée se compose de bassins côtiers, tels que ceux du rio Cavally, du Bandama, de la Volta, de l’Ouhémé. Au-delà s’étend dans l’intérieur l’immense bassin du Niger. La prise de possession des deux rives du fleuve a été poursuivie par les Français et les Anglais comme celle du littoral.

La vallée du Niger n’est séparée de la région des bassins côtiers par aucun obstacle sérieux ; la ligne de faîte entre les rivières littorales et le grand fleuve africain est peu accusée et souvent peut passer inaperçue ; elle n’est formée que par des boursouflemens du sol et des plateaux ondulés que flanquent çà et là quelques hauteurs d’importance secondaire. Il semble donc au