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gagner du temps, d’apporter promptement des nouvelles et d’aller prévenir le Roi. Mais rien ne put, même un instant, apaiser cette mère désespérée. Elle refusa obstinément toute nourriture : deux jours s’écoulèrent ainsi, sa vie était en péril. Effrayé de sa responsabilité, Plomont courut alors à Valladolid. Son rapport fut tel que D. Carlos comprit immédiatement la nécessité de céder. Si affligé qu’il fût de renoncer à son dessein et de n’avoir donné à sa sœur qu’une déception pénible, il avait le devoir impérieux de prévenir avant tout un événement funeste. Il fit venir l’infante et lui annonça qu’il fallait retourner à Tordesillas. Celle-ci accepta cette décision avec une émouvante douceur et une raison supérieure à son âge. Son départ eut lieu aussitôt, mais D. Carlos avait compris la convenance d’une démarche personnelle après une telle équipée : il accompagna sa sœur et la remit lui-même entre les mains de leur mère. Pour excuser sa conduite, il dit à Jeanne qu’il avait cru devoir accéder au désir des Grands qui voulaient voir l’infante à la Cour ; il ajouta qu’en déférant, malgré cette considération, au vœu de la reine, il entendait que la vie de sa sœur fût désormais plus heureuse ; il manifesta l’intention de lui donner quelques jeunes dames de compagnie et déclara vouloir qu’elle fût libre de se promener dans la campagne environnante. On ne sait ce qui s’ensuivit et comment vécut désormais Catherine à Tordesillas : elle n’en sortit d’ailleurs que huit ans plus tard, lorsqu’elle épousa le roi de Portugal.

Il est juste de rappeler que, soit par un vague sentiment filial, soit par le désir d’éviter l’odieux de la rigueur et de l’abandon, D. Carlos, pendant les trois années qui suivirent, entretint avec le marquis de Dénia une correspondance fort active et lui adressa des instructions excellentes pour la bonne tenue de la maison de sa mère : il insista pour qu’elle fût traitée avec douceur, se préoccupa des dépenses nécessaires, examinant les détails avec un soin minutieux. Il envoya à plusieurs reprises des gentilshommes demander des nouvelles et lui offrit même quelques bijoux. Il est vrai qu’absorbé par les fêtes de la Cour, et surtout par le gouvernement de ses immenses domaines, il s’abstint de visites personnelles qui eussent été consolantes et plus efficaces que des directions écrites et des témoignages intermittens de lointain souvenir. On ne saurait nier sans doute qu’il ait montré, dans les premiers temps de son règne, une certaine sollicitude, sinon fort empressée et fort tendre, du moins à peu près pareille à la conduite