Nous devons avouer que notre galerie ne donne pas une idée de la puissance et de l’étrangeté des reptiles secondaires. Nul musée, d’ailleurs, ne peut actuellement les faire bien comprendre, car, en réalité, on ne possède les squelettes entiers que de très peu d’espèces. Les Iguanodons du musée de Bruxelles appartiennent à une seule espèce d’une même localité ; leur nombre sert à frapper le public, mais n’apprend rien de plus aux vrais savans. Figurons-nous qu’un jour on arrive à disposer en enfilade, dans une même galerie, des squelettes entiers des principaux Vertébrés secondaires : Dicynodon, Zanclodon, Belodon, Elginia du Trias ; Ichthyosaurus, Plesiosaurus du Lias ; Pliosaurus, Ceteosaums, Megalosaurus du Jurassique d’Europe ; Atlantosaurus et autres géans du Jurassique des Montagnes Rocheuses ; reptiles volans tels que ceux réunis par M. Zittel à Munich ; Iguanodon de l’Infracrétacé de Belgique ; oiseaux qui ont des dents et Pteranodon du Crétacé du Kansas ; Triceratops du Laramie, etc. ; ce serait assurément un des spectacles les plus étranges qu’il soit donné à l’homme de contempler. Quelques personnes, amoureuses de nouveauté et de grandeur, nous ont demandé s’il serait impossible d’établir dans l’Exposition universelle de 1900 une salle où l’on réunirait des restaurations des bêtes d’autrefois, supposées vues dans l’état de vie. Un savant ne saurait prendre la responsabilité de choses conjecturales ; mais il pourrait fournir des renseignemens à un artiste qui aurait tout droit pour faire des restaurations. Ce serait moins audacieux que les fictions de la mythologie grecque, et ce ne serait pas la partie la moins originale, la moins imposante de l’Exposition de 1900.
Ère tertiaire. — Vers le milieu de la galerie commence l’ère tertiaire. Si, pour les fossiles secondaires, nous avons beaucoup à envier à quelques musées étrangers, il n’en est plus de même pour les fossiles tertiaires. Nous en avons d’admirables séries, formées en grande partie sur le sol français.
Le premier terrain tertiaire, l’Éocène, marque, ainsi que son nom l’indique, l’aurore des formes nouvelles. Paris est sur l’Éocène : son essor est sans doute en partie résulté de ce que ses habitans ont trouvé du calcaire grossier pour bâtir, du gypse pour enduire, du liais pour daller, du grès pour paver, de la terre à tuile pour couvrir, de l’argile pour faire des briques. Les diverses assises ont des espèces qui aident à les reconnaître : les fossiles des sables de Bracheux diffèrent de ceux du conglomérat de