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tions de relation ; l’intelligence était latente. C’était un temps de silence, de tristesse, il n’y avait plus le néant de la vie, mais il n’y avait pas encore le règne de la vie agitée, éblouissante, telle que nous la voyons de nos jours.

Ère secondaire. — Aussitôt que nous arrivons à la partie de la galerie où commence le monde secondaire, un notable changement se manifeste : les êtres se diversifient, grandissent, se perfectionnent.

Le premier terrain secondaire est le Trias. Nos collections des Invertébrés du Trias renferment la série des fossiles découverts en France et quelques échantillons étrangers. Pour bien connaître les Mollusques de cette époque, il faut voir les fossiles du Tyrol réunis à l’Institut géologique de Vienne. Le Tyrol est un point de l’Europe admirable pour les géologues ; rien de plus joli que les environs de Salzbourg et d’Hallstatt, rien de plus magnifique que le Pays des dolomies dont Cortina d’Ampezzo est le centre. M. de Mojsisovics a consacré sa vie à l’étude des fossiles de ces régions ; il a publié de beaux livres sur les Ammonites.

Les Vertébrés prennent un grand développement dans le Trias. Les regards des visiteurs de notre galerie sont attirés par l’énorme squelette du Pareiasaurus de l’Afrique australe ; cette bête grossière, énorme, mal appuyée sur des membres épais à cinq doigts, paraît bien personnifier le commencement du Secondaire. En avant de ce singulier fossile, nous avons placé une large plaque de grès bigarré avec des empreintes de pattes puissantes, connues sous le nom de Cheirothérium ; on a trouvé beaucoup de ces empreintes en Allemagne et en France. Quel géant les a produites ? Je l’ignore. Ce mot : je l’ignore revient souvent sur les lèvres des paléontologistes ; il contribue à l’ardeur de nos investigations. Le jour où l’on saura, on ne cherchera plus ; ce jour est si loin que le zèle de nos travailleurs n’est point près de s’éteindre. Les armoires murales du Trias renferment les restes de nombreux vertébrés, quelques-uns ont donné lieu à de très suggestives études de M. Seeley ; l’éminent paléontologiste de Londres a montré qu’ils présentent des traits d’union entre les Reptiles et les Mammifères.

Pour bien comprendre les singuliers reptiles du Trias, il faudrait aller voir à Stuttgart ceux du Wurtemberg rassemblés par Oscar Fraas, et à Londres ceux de l’Afrique étudiés par Owen et M. Seeley, ainsi que ceux d’Écosse nouvellement signalés par M. Newton.