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vergure, surpassant les plus grands insectes actuels ; il ne faut pas en conclure que les insectes aient eu tout leur perfectionnement dès l’époque de la houille. La collection si nombreuse de M. Fayol a beaucoup étonné les géologues. Aucunes couches n’ont été plus fouillées que les couches houillères ; il y a plus de quarante ans, Lyell se demandait comment on y a rencontré si peu de traces d’animaux ? Cela tient sans doute à ce qu’on ne les avait pas cherchées. Que de merveilles géologiques nous posséderions si les chefs d’exploitation en prenaient quelque souci ! La paléontologie a eu la bonne fortune que M. Fayol ait été un habile observateur en même temps qu’un habile ingénieur ; il a formé ainsi d’incomparables collections des couches houillères.

Le Permien termine les formations primaires. Les fossiles de ce terrain sont rares dans la plupart des musées. Notre nouvelle galerie en a une collection exceptionnelle, grâce aux savans d’Autun. Cette ville est celle de France et peut-être du monde qui possède la société d’histoire naturelle la plus nombreuse, comparativement à sa population. La Société d’histoire naturelle d’Autun, bien qu’elle soit consacrée à la science pure et ne s’occupe point encore de ses applications industrielles, compte plus de cinq cents membres ; elle publie de magnifiques volumes. Plusieurs de ses membres, MM. Bernard Renault, Roche, Bayle, Cambray, etc., ont trouvé dans les exploitations de schistes bitumineux des reptiles très curieux pour l’histoire de l’évolution des quadrupèdes. Leur colonne vertébrale est plus avancée que celle des poissons des temps dévoniens ; cependant les corps de leurs vertèbres sont composés de morceaux qui ne sont pas encore soudés ; l’ossification de la notocorde n’est pas tout à fait achevée ; la nature est prise sur le fait au moment où va se terminer l’ossification qui sera complète chez les quadrupèdes du commencement de l’ère secondaire.

Si, après avoir examiné tour à tour les différens terrains anciens, nous nous arrêtons pour résumer ce que nous venons de voir, nous reconnaissons que, dans l’ère primaire, les animaux avaient déjà un certain degré de complication et de diversité. Cependant, durant la première moitié de cette immense époque, il n’y a eu que des Invertébrés ; dans la seconde moitié, les Vertébrés étaient petits, rares, peu élevés comparativement à ceux qui viendront plus tard ; leur existence était plus passive qu’active ; la plupart étaient protégés par des cuirasses qui gênaient leurs fonc-