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Beaucoup de poissons dévoniens de notre collection ont été trouvés en Écosse dans des miches ; si on casse les miches avec soin, on les divise en deux moitiés dont l’une renferme le poisson et l’autre son empreinte. Lorsqu’en brisant une pierre vieille de plusieurs centaines de mille ans nous y trouvons un animal fossile, nous ne pouvons nous défendre de quelque émotion ; nous lui demandons d’où il vient, qui l’a mis là, quelles choses avaient lieu à l’époque où il vivait ; à force de passer d’interrogations en interrogations, nous entrons dans un infini de pensées, nous sommes transportés dans des horizons si immenses que nous sommes à la fois charmés par leur grandeur et attristés de les si mal embrasser. Dans mes Enchaînemens du Monde animal, j’ai raconté qu’arrivant à Cromarty, tout au nord de l’Écosse, je vis une haute colonne surmontée de la statue d’Hugh Miller ; près de là on me montra la chaumière où le populaire paléontologiste était né. Il avait eu des débuts encore plus modestes que le perruquier Marie Rouault : c’était un ouvrier carrier. En cassant les pierres du terrain dévonien, il y rencontrait des poissons ; son esprit en fut émerveillé ; il laissa la pioche pour prendre la plume et enseigner la science nouvelle qui fait découvrir dans les pierres les « créatures de Dieu. »

Après le Dévonien, on trouve dans notre galerie le Carbonifère. Ses mers nous ont livré des Polypiers, des Crinoïdes, des Brachiopodes, des Mollusques, des Crustacés, peu différens de ceux du Dévonien. Mais l’histoire de ses continens a une importance capitale pour l’industriel comme pour le savant ; ils ont été couverts de forêts immenses, dont les détritus ont formé la plus grande partie de la houille exploitée jusqu’à ce jour. Les expériences qui ont été tentées pour changer les végétaux en houille ont été infructueuses ; un de nos plus distingués assistans du Muséum, M. Bernard Renault, a constaté que la houille est remplie de Microbes (Bacillus, Micrococcus) ; il pense que les décompositions opérées par eux ont contribué à lui donner son état actuel. Nous avons exposé dans notre galerie des plaques préparées par M. Renault et des figures de Microbes enfermés dans ces plaques. Parmi nos séries du Carbonifère, je dois signaler celle des insectes de Commentry. C’est une des plus inattendues que la paléontologie ait mises en lumière. Elle a été découverte par M. Fayol et a été l’objet d’un bel ouvrage de M. Charles Brongniart. On y remarquera le Meganeura qui atteint 0m,70 d’en-