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Ère primaire. — La première table est consacrée à l’Archéen. Nous y avons placé diverses préparations de l’Eozoon, qui a été célèbre à un moment, mais que la plupart des savans considèrent aujourd’hui comme un simple accident minéralogique. Nous y avons rangé également les échantillons de Bretagne où M. Cayeux croit voir des foraminifères, des infusoires et des spicules d’éponges.

Après l’Archéen vient le Cambrien. C’est dans ce terrain que se rencontrent les plus anciens fossiles dont la nature organique est incontestée. Il y a des Méduses, des Mollusques et surtout des Trilobites. Quelques-uns de ces crustacés sont de grande taille et de structure compliquée ; il faut en conclure ou bien que les premiers êtres ont été assez avancés, ou bien qu’on découvrira des êtres dans des terrains d’une antiquité encore plus reculée.

Le Silurien succède au Cambrien. Nos plus beaux fossiles proviennent des recherches de Barrande en Bohême. L’ancien précepteur du Comte de Chambord suivit en exil son royal élève et bientôt se fixa à Prague pour explorer les terrains primaires. Son ouvrage sur la Bohême est un tel monument qu’on se demande comment il a pu être composé par un seul homme. Pour la publication, il a été aidé par le Comte de Chambord, ainsi qu’il le déclare dans une préface[1].

On remarquera parmi les nombreux fossiles découverts par Barrande des tableaux qui sont une preuve étonnante de son génie d’investigation : ces tableaux présentent la série des transformations d’une même espèce de Trilobite depuis la sortie de l’œuf jusqu’à l’état adulte ; il y a une espèce pour laquelle Barrande a pu distinguer dix-sept stades. Il a suivi le développement de bêtes qui remontent sans doute à plus d’un million d’an-

  1. Cette préface donne une si belle idée du caractère de Barrande, que je crois devoir la reproduire ici :
    « Monsieur le comte,
    « Quarante ans se sont écoulés depuis que j’ai eu l’honneur d’être appelé auprès de votre Auguste personne par votre aïeul le roi Charles X de vénérable mémoire.
    « Ces quarante années, non sans épreuves, disent assez quels sont les sentimens qui m’attachent au fils de nos Rois. Mais il en est un que je ne saurais manquer de manifester hautement sur les premières pages de ce volume, comme il se reproduit tous les jours dans mon cœur. C’est le sentiment de ma vive reconnaissance pour les dons spontanés par lesquels votre Royale munificence a efficacement allégé les lourdes charges que la publication de cet ouvrage m’impose depuis de si longues années. »