professeur remarquable, érudit, mais d’un esprit mordant, sévère dans ses critiques ; il a formé une magnifique collection de paléontologie à l’École des mines. Le ministre voulait le nommer au Jardin des Plantes, mais il hésitait à rompre avec l’usage de se conformer au choix des professeurs. Quatre années s’écoulèrent sans qu’on pourvût à l’enseignement de la paléontologie ; cela montre qu’on ne regardait pas encore cet enseignement comme très utile. En 1861, le vicomte Adolphe d’Archiac Desmier de Saint-Simon fut enfin nommé professeur-administrateur de paléontologie au Muséum. Mais, pas plus que son prédécesseur, il ne fut chargé d’administrer les collections publiques. L’œuvre scientifique de D’Archiac a été très différent de celui d’Alcide d’Orbigny. Ce dernier était un esprit original, tellement absorbé par ses propres observations que parfois il négligea celles de ses confrères de France et de l’étranger, ce qui lui attira des ressentimens. D’Archiac a fait aussi des recherches personnelles, mais il a passé une partie de sa vie à analyser les travaux des autres. Ancien militaire, il poussait l’équité jusqu’au scrupule ; il trouvait injuste qu’on oubliât les savans qui ont été nos maîtres, et il a publié de nombreux livres pour faire connaître leurs œuvres. Il était assurément reconnaissant aux professeurs du Muséum qui avaient, pendant quatre ans, soutenu sa candidature ; pourtant il ne put prendre son parti d’être un administrateur sans administration, et un professeur de paléontologie sans collection de paléontologie. Il est mort en 1868.
Édouard Lartet a remplacé D’Archiac. Il avait longtemps habité dans le Gers, près de la colline de Sansan, remplie d’ossemens fossiles. Ses fouilles ont rendu ce gisement célèbre. Les efforts qu’il fit pour déterminer les ossemens de Sansan lui donnèrent beaucoup d’habileté dans l’étude des vertébrés. Cette habileté lui acquit une grande notoriété, quand les découvertes de Boucher de Perthes dans le diluvium de la Somme eurent attiré l’attention sur l’homme fossile, car on se mit à chercher partout des instrumens humains, et comme on ne fixe leur ancienneté qu’au moyen des animaux trouvés avec eux, chacun eut recours à Lartet, qui devint l’arbitre pour juger si des instrumens humains appartenaient à l’âge de la pierre taillée ou à l’âge de la pierre polie. Il a fait de curieuses recherches dans les cavernes du Périgord et du midi de la France, et il a justement passé pour être un des fondateurs de la paléontologie humaine. Il était âgé