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LE NOUVEAU MUSÉE


DE PALÉONTOLOGIE




L’homme ne peut lire dans l’avenir, et c’est là une des plus dures épreuves de sa destinée ; mais il peut essayer de lire dans le passé. Tandis que la géologie lui apprend l’histoire du monde physique, la paléontologie lui révèle l’histoire du monde animé. Nous découvrons dans les couches du globe les restes d’innombrables êtres, et nous cherchons leurs enchaînemens pour reconstituer les scènes de la création. Outre cet intérêt philosophique, les fossiles éclairent la géologie, et ainsi ils contribuent aux étonnans progrès de l’industrie. Cependant, en dehors d’un petit groupe de savans et de penseurs, la paléontologie est encore peu connue. La presse destinée au grand public ne parle presque jamais en France des découvertes de fossiles, si extraordinaires qu’elles soient ; elle ne s’intéresse qu’aux recherches d’archéologie. Jusqu’à présent, dans les classes supérieures de nos lycées, on ne s’occupait ni de géologie, ni de paléontologie, de sorte que les élèves entraient dans la classe de philosophie ignorant l’importance de ces sciences pour les questions d’origine. Chacun reconnaissait que, si on enseigne pendant tant d’années aux jeunes Français le grec et le latin, ce n’est point pour leur apprendre deux langues mortes, c’est pour leur inspirer le culte du beau et du grand ; mais on ne réfléchissait pas que les majestueux spectacles des temps géologiques doivent élever leur esprit et les exciter à penser. Cet état de choses va changer. Le congrès géologique