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constituans, l’oxygène, l’azote, l’argon ; et ceux-ci sont enfin arrivés à un équilibre quantitatif qui ne se modifiera plus que lentement et seulement pour les deux premiers de ces corps. Cette composition s’exprime par les nombres suivans : 100 volumes d’air contiennent 21 volumes d’oxygène, 78,05 d’azote, 0,94 d’argon. En poids les nombres correspondans sont respectivement 23,2 ; 75,5 ; 1,30.

Les dosages de l’argon atmosphérique sont encore peu nombreux. Ils sont d’ailleurs très laborieux. Il s’agit, en opérant sur un volume d’air exactement limité, d’en obtenir l’argon tout entier et pur, c’est-à-dire complètement débarrassé d’azote. C’est la difficulté de la préparation ordinaire aggravée ici par la nécessité de conduire toute l’opération à l’abri de l’air et de l’eau de façon à ne rien introduire et à ne rien laisser échapper. La pénétration d’une bulle d’air fausserait l’appréciation du total azote-argon soumis à l’analyse : l’eau qui dissout les deux gaz à un degré très inégal fausserait l’appréciation de leurs quantités relatives.

M. Th. Schlœsing a heureusement résolu ces difficultés. Il a imaginé un appareil composé d’un volumètre, d’une trompe et d’un tube à magnésium, — celui-ci en acier fondu étiré à chaud, — dont tous les joints sont noyés dans le mercure, et où le mélange d’azote et d’argon, sans se trouver en contact avec autre chose que le mercure et l’acide sulfurique bouilli, circule autant de fois qu’il est nécessaire pour que tout l’azote soit retenu. L’argon est finalement recueilli et mesuré. Il suffit, pour une analyse, de disposer d’un volume d’air d’environ 2 litres.

M. Th. Schlœsing a appliqué cette méthode à un assez grand nombre d’échantillons d’air, recueillis dans des conditions diverses : dans Paris, à une dizaine de mètres du sol et au sommet de la tour Eiffel ; en Normandie, au sommet d’une colline de 300 mètres ; dans une galerie de mine de fer. Dans toutes les circonstances, il a obtenu le même chiffre, à savoir 0,93 d’argon dans 100 volumes d’air.

Sources. — Après que l’on eut appris à préparer le gaz nouveau et à le doser, on put entreprendre de le rechercher partout où il existe. Sa présence constante dans l’atmosphère et la facilité qu’il possède à se dissoudre dans l’eau permettent de prévoir qu’on le rencontrera dans tous les milieux humides pénétrables à l’air. Et, en effet, il est abondant dans l’eau de pluie, dans les eaux superficielles, dans le sol et dans les eaux souterraines. Les