sociations dont il peut faire partie. Sa sociabilité n’est pas du même genre que celle du Français. Elle n’est pas une affaire de sentiment, mais, pour ainsi dire, de raison et d’action ; ce n’est pas par besoin et goût inné de compagnie que l’Anglais s’unit à tels et tels, mais parce qu’il juge nécessaire de travailler en commun à une fin utile. De bonne heure, les habitans de la Grande-Bretagne se sont rendu compte de la force de l’associstion ; dès le moyen âge nous les trouvons groupés en sociétés qui, de Londres et des principales villes du royaume, nouent des relations suivies avec toute l’Europe occidentale. Ce sont des relations d’affaires, de commerce et d’industrie. S’ils s’habituent à former des corporations, c’est toujours pour un objet positif et restreint.
Cette habitude de s’associer en vue d’un but quelconque, soit d’utilité, soit de charité (ce qui est encore considéré comme une utilité supérieure), s’est conservée à travers les siècles. Elle n’est pas seulement favorisée par le sens pratique de l’Anglais ; elle l’est encore par son intelligence réfléchie et ses sentimens calmes, qui lui permettent d’écouter la contradiction, de discuter avec sang-froid sur des intérêts, de ne pas faire dégénérer une assemblée en une mêlée, un meeting en bataille. Les Anglais, dans leurs réunions, nedéclament pas pour déclamer ; leurs nerfs restent calmes et l’idée du but domine tout. Ils savent alors agir en corps sans que personne opprime personne ; ils unissent leurs individualités sans les absorber dans les groupes et, généralement, sans abdiquer leur liberté propre. Par ce sens pratique de la libre subordination, ils se montrent supérieurs non seulement aux Français centralisateurs, qui, dès qu’ils se sentent en nombre, deviennent trop volontiers oppresseurs des minorités, mais encore aux Allemands, qui n’ont su que de nos jours, avec un vrai génie positif, subordonner leur moi à quelque but commun, et qui étaient restés si longtemps dans une sorte d’anarchie.
La première des associations où l’Anglais manifeste son double pouvoir d’individualisme intense et d’entente pratique avec autrui, c’est la famille. Dès la période de l’heptarchie anglo-saxonne nous voyons la famille fortement organisée ; l’unité territoriale est l’étendue de terre nécessaire à l’entretien d’une famille, hyde. Les Saxons étaient groupés en communautés de famille ayant même origine ou mêmes intérêts ; ce fut le germe des communes. Les pays dont le ciel est clément invitent à une vie extérieure plus ou moins dissipée en occupations ou plaisirs faciles, parfois