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son LEZ A. 503 Qu’eût dit tante Sidora, qu’eût dit son mari, si en cet instant de vertige ils avaient pu le voir, ou si dans beaucoup d’autres ils avaient lu sur son front certaines pensées qui se croisaient ra- pides par derrière!... Comment le jugerait le candide Cleto s il le soupçonnait? Cleto, qui l’avait vu si indigné et si noble quand il lui avait révélé les calomnies dont le poursuivaient les femmes delà maison! Et surtout, quelle opinion avait de lui Sotileza, depuis qu’elle s’était vue dans la dure nécessité de l’écarter de ses côtés, hautaine, indignée, comme on écarte ce qui offense, ce qui tache, ce qui déshonore! Enfin il ne pouvait vitre en paix dans l’état où en étaient les choses depuis la veille. Il tenterait donc de voir Sotileza, seul à seule, dès que l’occasion s’en présenterait; il parlerait avec elle de ce qui s’était passé, lentement, froidement et sévèrement; il rejetterait la faute sur les tentations du lieu, les murmures du vent, les âpres senteurs de la mer,... une chose quelconque; peut- être donnerait-il pour motif de son brusque assaut un secret des- sein de mettre à l’épreuve la vertu de la jeune fille... Cela, il le déciderait à son heurjç. L’important était de rester comme il de- vait et où il voulait rester... Oui, en parlant, s’il savait trouver les mots qu’il fallait dire, son prestige s’en augmenterait aux yeux de la jeune fille; ce ne serait plus seulement son estime qu’elle lui rendrait, elle en ressentirait de l’admiration; el alors... Alors, ce serait l’occasion d’intervertir les rôles et de donner à Sotileza la leçon qu’elle méritait!... Mais ce n’étaient pas ces réflexions seulement, assez graves pourtant, qui lui enlevaient le sommeil. Lorsque, au retour de la mer, il était arrivé chez lui, sans ré- pondre une parole à toutes celles que sa mère lui adressait, moitié tendre, moitié fâchée pour les risques qu’ils avaient courus et l’état dans lequel elle le voyait, il s’était enfermé dans sa chambre, pour passer des vôtemens secs, ses vêtemens du dimanche, qui se trouvaient préparés à portée de sa main. Précaution de la capi- taine, qui adorait ce fils, si noble cœur, si vaillant, si beau... mais, si ])eu soigneux! — Si tu étais un autre garçon, lui disait-elle en l’inspectant des pieds à la tète, il ne serait pas in-cessaire que ta mère te donne, chaque fois que tu Ihubilles en monsieur, un nn)nient d’ennui comme elle le fait à présent; mais tu es si... Ah! mon enfant, dans quels états lu me nu’ts parfois!... Connue je ili’>ire