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— Pas un mot.

— Et sa femme ?

— Pas plus que son mari.

— Quelle figure te font-ils ?

— Le vieux, comme ça ! Elle... je crois, pas trop bonne... Bon sang, elle la fait meilleure à Muergo, et c’est ça qui me taquine.

— Eh bien! que veux-tu que je fasse ?

— Que vous alliez lui dire, comme vous savez le dire, que je veux me marier avec elle.

— Grand sot ! que la tempête t’emporte ! Sais-tu ce que tu me demandes ? Sais-tu qui est ton père ?

— Je ne le sais que trop !

— Sais-tu qui est ta mère ?

— Encore mieux.

— Sais-tu qui est ta sœur ?

— Que la foudre l’écrase !

— Sais-tu qu’avant de te voir marié avec cette fille-là, elles seraient capables de mettre le feu au rez-de-chaussée, à la maison, et à toutes celles du voisinage ?

— Ce n’est pas l’envie qui leur en manquerait.

— Tu sais toutes ces choses, Cleto de tous les diables, et tu veux que j’entre dans la danse ? Cuerno ! ou tu ne m’aimes pas, ou tu perds la raison !

— Bon sang ! Mais si vous me faussez compagnie, qu’est-ce que je vais faire ?

— Ce que tu vas faire ! mais, ce que tu pourras... Est-ce le père Apollinaire, par hasard, qui t’a mis au monde ? Te doit-il le pain qu’il mange, les habits qu’il porte ? Rien, mon fils... comme toujours ! Les réjouissances et les bonnes rasades pour vous tous seuls, et quand il y a quelque chose de démis ou de cassé, vous venez me chercher. Je ne le ferai pas ; non, non. Est-ce clair, Cleto ?

Cleto hocha la tête et murmura d’une voix sourde quelques paroles incompréhensibles, puis tout à coup il se redressa avec colère et dit au père Apollinaire qui se promenait dans la chambre :

— Je ne sais ce que je ferai à moi seul par rapport à elle ; mais quant à lui, quant à Muergo, père Pollinaire, si ça ne finit pas à coups de poings, ça finira d’une autre manière; — ou alors qu’il quitte la place.

— Mon ami, répondit le prêtre en se carrant devant Cleto, si ce