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SOTILEZA. 491 tant employé à recueillir, avec ses mains posées de champ sur ses sourcils, la lumière du quinquet le plus proche pour reconnaître avec ses yeux malades celui qui lui adressait cette requête, — tu viens de me les dire. S’il y en a davantage, vois à me les dire en route ou quand nous serons chez moi, parce que je suis très pressé et ne puis perdre mon temps dans la rue... — Alors je vous dirai chez vous ce que j’ai à vous dire, ré- pondit Cleto en virant de bord et se mettant aux côtés du reli- gieux. Mais faisons force de rames, père PoUinaire, pour arriver le plus tôt possible. Un instant après, à la lueur d’une allumette que frotta père Pol- linaire, tous deux montaient l’escalier de sa maison ; la vieille gou- vernante du prêtre leur ouvrait la porte ; et enfin ils s’enfermaient dans un très modeste cabinet, éclairé seulement par la flamme paresseuse d’un bout de chandelle enfoncé dans un chandelier de fer-blanc, — Regarde, mon fils, regarde! regarde, si tu as des yeux pour voir! s’écria aussitôt le religieux, en désignant du geste quelques brochures et quelques papiers étalés sur une table. Regarde, et dis-moi si le père PoUinaire, avec un pareil travail sur les bras, peut avoir du temps de reste pour se promener par les rues comme un paresseux. Et comme Cleto le regardait en quête d’une explication plus compréhensible, le religieux ajouta : — Gela, mon fils,... ah! cela, c’est ce qui me consume le rai- sonnement, la santé et le peu de vue qui me reste. Parce que, tu le sauras maintenant, c’est un sermon dont on m’a chargé pour le jour des Saints-Martyrs dans la chapelle de Miranda... Le jour de la fête du Chapitre d’En-Bas !... comme qui dirait rien du tout!... Place-moi là Messieurs de rAyuntamiento,tous les matelots, et la moitié de Santander, la bouche ouverte, écoutant le père Apolli- naire! llcin! crois-tu qu’on n’ait qu’à dormir et à monter ensuite en chaire à la grâce de Dieu? L’idée vint à Cleto de compter sur ses doigts le temps qui res- tait jusqu’au 30 août : il vit (juil y avait un bon mois et demi et le dit au père. Celui-ci se tourna rapidement vers le naïf garçon (car il était en train de passer la manclie de sa soutane sur le poil de son cha()eau pour le brosser un peu avant de le poser sur le lit) et lui parla ainsi :