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arriver au succès ne doivent pas, à moins qu’ils ne soient scandaleux, retenir trop longtemps notre attention, et que le suffrage universel, lorsqu’il s’est nettement prononcé, doit être respecté[1] (Très bien ! très bien ! à gauche.) » Un autre a dit : « Tant que l’on n’est traité que de misérable, crapule, vendu et autres appellations qui sont pour ainsi dire la monnaie courante de la période électorale dans les arrondissemens où la passion politique est vive, on peut dédaigner ces injures, les laisser de côté et poursuivre son chemin : « Les chiens aboient, la caravane passe. » Rendons-lui pourtant cette justice qu’il ajoutait : « Mais il y a des diffamations qui dépassent véritablement la note et la mesure de toutes les indulgences[2]. » Et rendons au premier cette justice que, dans une autre occasion, il concluait ainsi : « A l’unanimité, les membres du bureau ont reconnu que, si de pareilles mœurs politiques étaient tolérées plus longtemps, toute candidature deviendrait impossible pour les honnêtes gens soucieux de ne pas exposer leur honneur aux outrages et aux calomnies de leurs adversaires[3]. »

A tous enfin rendons cette justice qu’ils veulent faire effort pour s’amender en amendant les conditions du milieu qui les crée, et si jamais peut-être on n’avait aussi clairement aperçu les petites misères du suffrage universel, jamais non plus on n’avait vu un pareil empressement à tâcher de les corriger. On dirait qu’à peine née, la Chambre rougit de ses origines, et ce sont propositions de loi sur propositions de loi. J’en ai compté quatorze, et il se peut que j’en aie oublié[4].

  1. .Chambre des députés, séance du 27 juin, p. 1863.
  2. Ibid., 8 juillet, p. 1984.
  3. Ibid., 7 juillet, p. 1968.
  4. 28 juin. Dépôt, par MM. Gouzy, Klotz et Andrieu, d’une proposition ayant pour objet de prévenir les fraudés et les erreurs qui peuvent entacher les élections législatives. — 30 juin. Dépôt, par MM. Bernard, Cadenat et plusieurs de leurs collègues, d’une proposition tendant à assurer la sincérité des opérations électorales ; — par M. Sauvanet, d’une proposition tendant à modifier la composition des commissions de recensement ; — par M. Krauss, d’une proposition tendant à assurer la liberté des réunions électorales ; — par M. Carnaud, d’une proposition ayant pour objet la limitation et « l’égalisation » de l’affichage électoral. — 4 juillet. Dépôt, par M. Zévaès, et adoption par la Chambre, urgence déclarée, d’un projet de résolution tendant à a nomination d’une commission dite « du suffrage universel » chargée de réviser la législation électorale, et d’assurer la liberté et la sincérité du vote. — 7 juillet. Dépôt, par M. Antide Boyer, de deux propositions de loi ayant pour objet : la première, de, modifier la loi électorale ; la seconde, de modifier la loi organique du 30 novembre 1875 sur l’élection des députés ; — et par MM. de l’Estourbeillon, Massabuau et Daudé, d’une proposition tendant à la modification des articles 33 et 34 du décret réglementaire du 2 février 1852 sur l’élection des députés. — 8 juillet. Dépôt, par M. de Hamel et plusieurs de ses collègues, d’une proposition de loi ayant pour objet la codification et l’amélioration de la législation électorale ; — et par M. Defontaine, d’une proposition ayant pour objet d’assurer la liberté et le secret du vote, ainsi que la sincérité des opérations électorales. — 9 juillet. Dépôt, par M. Cunéo d’Ornano, d’une proposition de loi sur la répression de la candidature officielle ; — et, par M. Odilon-Barrot, d’une proposition ayant pour objet de réprimer les actes de corruption dans les opérations électorales. — Enfin, 13 juillet, jour de la clôture, dépôt, par M. Morlot, d’une proposition de loi tendant à modifier divers articles du décret organique du 2 février 1852 sur les élections.