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Il est manifeste que des stations agronomiques établies dans diverses régions de la France finiraient par découvrir les variétés qui conviennent particulièrement à ces régions, et les avantages qu’on tirerait de ces études se chiffreraient par de très grosses sommes. On en a pu juger d’ailleurs, quand le regretté Aimé Girard a introduit en France de nouveaux semenceaux de pommes de terre ; par cette simple substitution, on a fait monter les récoltes de plus de dix tonnes par hectare.

Toutes nos plantes de grande culture, serrées les unes contre les autres, s’hybrident aisément ; elles présentent sans cesse des variations, dont des observateurs habiles savent profiter. Un des blés les plus répandus actuellement, le Dattel, est un hybride obtenu par M. H. de Vilmorin. Les hybrides que les vignerons ont créés sont déjà nombreux ; parmi eux se sont trouvés quelques cépages qui rendent aujourd’hui de grands services. Les études sur ce point sont bien loin d’être terminées, et on attend toujours une vigne américaine résistant au phylloxéra et prospérant dans les sols calcaires.

Dans certains cas, le mode d’ensemencement a plus d’influence que le choix de la variété. J’ai montré, depuis plusieurs années, que pour obtenir des betteraves fourragères de bonne qualité, il fallait les semer assez rapprochées pour qu’elles restassent petites. Les animaux alimentés par ces racines se sont développés plus vite, ont été préparés pour la boucherie plus rapidement que ceux qui avaient reçu de grosses racines.

Il est évident que des stations agronomiques bien outillées, convoquant les cultivateurs de leur voisinage à venir voir leurs essais, les faisant assister à la pesée des animaux, etc., réussiraient à convaincre les praticiens bien autrement que ne le fait un article de journal ; les transformations utiles, au lieu de ne se répandre que lentement, prendraient une allure plus rapide. La fabrication du fumier de ferme est souvent très mal conduite ; si l’on avait dans chaque station une lumière bien disposée, si l’on faisait publiquement des expériences pour montrer que le fumier abandonné sans soins perd des quantités notables d’ammoniaque qui persistent dans une masse bien arrosée, où la fermentation est énergique, on trouverait de nombreux imitateurs, et c’est par millions que se chiffreraient les pertes évitées.

Dans certaines régions de la France, en Auvergne, en Périgord, on a l’habitude de semer, immédiatement après la moisson,