Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 149.djvu/312

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui a autant de raisons que nous de vouloir rester armé de toutes pièces : en Allemagne, le gouvernement a arraché cette année au Reichstag le vote d’un septennat naval, c’est-à-dire l’approbation d’un programme de constructions maritimes qui engage pour sept ans les finances de l’Empire : mais il n’a obtenu le vote qu’il sollicitait qu’en démontrant que les excédons budgétaires suffiront à ces dépenses nouvelles. Le Parlement de Berlin refuse d’ouvrir le grand-livre de la dette publique ; il agit en cela comme la Chambre des communes à Londres et comme M. Witte à Saint-Pétersbourg. Partout nous voyons quels légitimes soucis la dette publique inspire à ceux qui sont responsables de la conduite des destinées nationales. Partout nous les sentons préoccupés de suivre, de près ou de loin, l’exemple donné depuis longtemps par la Grande-Bretagne : c’est pourquoi il nous a paru utile de mettre sous les yeux de nos lecteurs le mécanisme compliqué dans ses détails, mais simple dans son esprit général, de la dette anglaise. Si jamais on a eu raison de dire que l’histoire est un enseignement, c’est à coup sûr en matière financière, où les principes sont immuables et où les conséquences des erreurs ou de la sagesse sont destinées à retentir à travers les siècles. Les générations futures souffriront de l’imprévoyance de celles qui les ont précédées ; elles recueilleront le fruit de leur sagesse et vénéreront la mémoire des hommes qui, par l’économie et la sévérité de leur gestion, auront préparé la diminution des charges publiques et permis ainsi à l’activité de chacun de s’exercer sans entrave, pour le plus grand bien du pays.


RAPHAËL-GEORGES LEVY.