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de 1871 et 1872, qui ont servi à payer l’indemnité de guerre et à reconstituer nos forces militaires, nous avons émis, à diverses reprises, des rentes dont le capital ajouté à celui de la dette antérieure, forme un total de plus de 26 milliards de francs. L’ensemble des engagemens divers du Trésor, par suite d’annuités dues aux compagnies de chemins de fer, aux caisses vicinale et scolaire, représente 3 milliards, la Dette flottante dépasse 1 milliard, si bien que c’est à plus de 30 milliards que s’élève l’addition de ce passif monstrueux. Et encore n’y comprenons-nous pas les subventions pour chemins de fer d’intérêt local, les annuités pour prêts scolaires, l’avance permanente de la Banque de France. Notre population, à peu près égale à celle du Royaume-Uni, est grevée d’une dette double, dont la charge représente 800 francs par tête d’habitant, alors que le chiffre correspondant pour l’Angleterre est de 400 francs.

Nous n’avons, en dehors des tirages réguliers de la rente 3 pour 100 amortissable, aucune institution destinée à racheter la moindre parcelle de nos engagemens. Alors que ceux-ci n’ont cessé de croître depuis le commencement du siècle, les Anglais s’enorgueillissent des résultats que sir Michael Hicks Beach exposait au Parlement dans son budget speech d’avril 1897. On sait que, peu après l’ouverture de l’année financière, qui commence le 1er avril, le chancelier de l’Echiquier adresse à la Chambre des communes un discours, qui est à la fois un résumé de l’exercice clos et le programme de celui qui s’ouvre. Il annonce au Parlement les recettes et les dépenses opérées, rappelle ses évaluations déjà soumises à la représentation nationale et développe les idées financières du cabinet, qui se traduisent parfois par des propositions de réformes, telle que fut par exemple celle de l’impôt sur les successions apportée par sir Stafford Northcote en 1894. En 1897, alors que l’empire anglais se préparait à fêter le jubilé de l’impératrice-reine Victoria, à l’occasion du soixantième anniversaire de son accession au trône, le chancelier de l’Echiquier n’a pas résisté au plaisir de mettre en parallèle la situation économique de l’Angleterre de 1837 avec celle de 1897. Pour le sujet qui nous occupe, les chiffres ne sont pas moins intéressans que dans les autres domaines. Il y a soixante ans, le service de la Dette du Royaume-Uni exigeait 30 millions, soit 58 1/2 pour 100 du budget total ; 28 millions étaient absorbés par le service des intérêts et les frais