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de la conversion Goschen en 1888. On comprend en effet qu’à mesure que le revenu des fonds publics diminue, le Trésor doive proportionner à ce revenu les engagemens qu’il prend vis-à-vis des rentiers, qui le paient au moyen de ses propres fonds. Le total des titres de toute nature échangés de 1808 à 1890 contre des annuités viagères s’est élevé à 55 millions, le montant des annuités créées a été de 5 millions, dont 1 100 000 seulement couraient encore en 1890.

Toutes ces mesures s’appliquaient au rachat de rentes possédées par des particuliers. En 1863 M. Gladstone fit un pas hardi et appliqua le principe de la conversion des rentes perpétuelles on annuités à court terme au portefeuille des administrations publiques. Mais celles-ci ne pouvant pas, comme des particuliers, détruire leur capital en consommant tous les ans la somme qui leur est versée, devaient employer l’annuité à racheter des rentes et à reconstituer le capital aliéné dans la période pendant laquelle courait l’annuité. C’est ainsi qu’en 1863, 5 millions des rentes appartenant aux banques d’épargne furent convertis en une annuité devant expirer en 1885. En 1867, 34 millions de rentes appartenant aux caisses d’épargne postales furent convertis en une annuité de 2 410 000 livres devant cesser en 1885. En 1870, M. Lowe, chancelier de l’Echiquier, annula 7 millions de rentes appartenant au fonds des caisses d’épargne et les remplaça par une annuité de 553 000 livres devant également expirer en 1885. En 1874, sir Stafford Northcote échangea encore 7 millions contre une annuité de 651 000 livres jusqu’en 1885 : on remarque qu’à mesure que le nombre des annuités promises décroît, le taux, par rapport au capital qu’elles remplacent, s’élève. Ceci n’a rien que de fort naturel : en 1870, il suffit de payer un peu moins de 8 pour 100, afin d’amortir le capital en quinze ans ; en 1874, afin d’avoir amorti à la même échéance de 1885, c’est-à-dire en onze ans, il faut payer plus de 9 pour 100.

En 1883, M. Childers procéda à la plus importante des opérations de ce genre qui ait jamais été accomplie en une fois : il convertit d’un coup 70 millions de rentes, dont 40 appartenaient à la caisse de dépôts judiciaires (littéralement aux plaideurs engagés devant la haute cour) et 30 aux caisses d’épargne postales. Les premiers 40 millions furent convertis en une annuité terminable de vingt ans calculée de la façon suivante : les commissaires de la dette s’engageaient à payer à ce fonds de la cour de