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eux ; ils pourront racheter même des titres de la dette flottante, des bons de l’Echiquier. De 1829 à 1890, cet old sinking fund a racheté un capital de 70 millions, pour lequel il en a payé 68, c’est-à-dire que les rachats ont eu lieu à des cours voisins du pair.

Le nouveau fonds d’amortissement (new sinking fund) date de 1875 ; depuis cette année, une somme fixe est inscrite au budget, dans la partie qui n’est pas soumise au vote annuel du Parlement, celle qu’on nomme le fonds consolidé. Tout ce qui dans cette charge permanente n’est pas exigible pour le service des intérêts, doit être appliqué au rachat de la dette. Cette somme fixe a varié : de 27 400 000, montant primitif, elle s’est élevée jusqu’à 29 millions en 1882, pour redescendre à son chiffre actuel de 25 millions. La dernière diminution a été justifiée par l’économie d’intérêts produite par la conversion Goschen en 1888. De 1876 à 1890, le nouveau fonds a racheté 7 millions et demi de dette, se composant de rentes 3 et 2 3/4, d’obligations de l’Echiquier et de bons du Trésor.

Mais les Anglais ne se sont pas bornés à constituer des fonds d’amortissement, ils ont attaqué la charge permanente de la dette par d’autres procédés destinés à la réduire, et finalement à la faire disparaître, si les circonstances ne venaient sans cesse créer des besoins auxquels les impôts ne suffisent pas toujours. Ce système, considéré d’une façon générale, consiste à transformer une dette perpétuelle en une dette à échéance limitée ; au lieu de rester indéfiniment engagé à payer aux rentiers un certain intérêt jusqu’au jour où il serait en mesure de leur en rembourser le capital, le Trésor s’oblige à leur verser un nombre d’annuités soit fixe, soit leur vie durant. Le jour où la dernière annuité a été payée, la dette est éteinte en capital et en intérêts. Le montant de chaque annuité est supérieur d’une certaine quantité à la somme qui eût suffi à servir l’intérêt ; mais l’addition annuelle de cette quantité sert précisément à faire peu à peu disparaître le capital emprunté. Nous avons vu que, déjà au XVIIIe siècle, un grand nombre d’emprunts avaient été contractés sous cette forme. En 1808, une loi (Life annuity act, 48 George III) autorisa les rentiers porteurs de 3 pour 100 à échanger leurs titres contre une annuité viagère, calculée de façon que le montant qui dépassait la somme correspondant à l’intérêt précédemment payé, placé à intérêts composés pendant la durée probable de la vie du bénéficiaire (annuitant),