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devait réunir les excédens de trois caisses appelées le general fund, l’aggregate fund, le South sea fund (fonds général, accumulé, de la mer du Sud), avait peu à peu cessé de fonctionner. Au lieu de servir à l’amortissement de la dette, il avait fini par fournir des ressources aux budgets : lorsque des circonstances imprévues amenaient une augmentation de dépenses, le gouvernement trouvait plus commode de puiser dans cette réserve que de demander au Parlement de nouveaux impôts. Ce fut Pitt qui, désireux de faire cesser cet état de choses, proposa, en 1786, de décider que tous les trois mois il serait prélevé, sur les recettes générales du budget, une somme de 250 000 livres. Ce million annuel devait, par le jeu des intérêts composés, avoir produit au bout de vingt-huit ans un capital dont le revenu suffirait alors à racheter annuellement 4 millions. Les fonds seraient employés au rachat d’annuités, forme ordinaire sous laquelle s’effectuaient alors les emprunts publics. La préoccupation d’empêcher une dette perpétuelle de s’installer dans les budgets était si forte qu’un acte de 1792 ordonna que tout emprunt nouveau, remboursable dans un délai supérieur à 45 ans, serait doté d’un fonds d’amortissement spécial de 1 pour 100, distinct du fonds général (sinking fund) institué en 1786.

A la date du 21 décembre 1813, le total des rentes et annuités rachetées par ces diverses caisses d’amortissement s’élevait à 258 millions. Mais comme la dette s’était accrue parallèlement d’une somme beaucoup plus forte par l’émission de nouveaux emprunts et que nombre de ceux-ci avaient été souscrits à des cours plus bas, c’est-à-dire plus onéreux pour l’Echiquier que ceux des titres rachetés, on songea à modifier le système. En 1829, l’ancienne législation relative à la matière fut abolie et un nouveau fonds d’amortissement institué. Ce fonds de 1829, qui était alors nouveau par rapport à celui de Pitt, a été désigné ensuite sous le nom de vieux fonds d’amortissement (old sinking fund), après qu’en 1875 un autre eût été institué par sir Stafford Northcote. Le principe qui dirigea le législateur en 1829 était qu’il n’y a d’amortissement réel que celui qui s’opère au moyen de surplus budgétaires : emprunter d’une main pour racheter des rentes de l’autre n’a pour résultat que de se faire illusion. Désormais un quart de l’excédent des recettes sur les dépenses publiques dut être appliqué à la réduction de la dette ; les commissaires annuleront les titres de rentes et d’annuités rachetés par