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son plan, au moyen d’une légère commission. Le résultat répondit à son attente : sans que le capital de la Dette eût été augmenté d’un denier, l’économie annuelle immédiate fut de 1 400 000 livres ; elle sera doublée à partir de 1903. La Dette flottante s’éleva passagèrement à 36 millions de livres, à cause des quelques demandes de remboursement qui se produisirent, mais ne tarda pas à redescendre à son niveau normal. Cette brillante opération clôtura dignement la troisième période de l’histoire de la Dette anglaise, qui embrasse le XIXe siècle à partir de 1816, et au cours de laquelle l’intérêt en a été ramené de 5 à 2 1/2 pour 100. C’est ce 2 1/2, parfois désigné du nom de fonds Goschen, qui forme à l’heure actuelle la presque totalité de la dette anglaise consolidée : le chiffre en est, à la fin de 1897, descendu à 522 millions, en dehors desquels il n’existe que 4 1/2 millions de 2 3/4, 32 1/2 millions de 2 1/2, remboursables l’un et l’autre en 1905, et 41 millions d’un 3 pour 100, non remboursable avant 1912, qui s’appelle le local loans stock (fonds des emprunts locaux).

Ce dernier fonds provient de la consolidation opérée en 1887 par le même M. Goschen, d’une série d’avances faites jusque-là par l’Echiquier à diverses caisses locales et à des municipalités. Ces avances remontaient en certains cas au siècle dernier ; depuis 1842, les commissaires de la dette nationale furent autorisés à y consacrer annuellement une certaine somme votée par le Parlement. Cette somme était fournie soit par des émissions de bons de l’Echiquier, soit par des prélèvemens sur les fonds disponibles des banques d’épargne ou des caisses d’épargne postales. M. Goschen critiqua avec raison un système qui faisait figurer dans les dépenses de l’État des avances faites par lui et qui inscrivait parmi ses recettes le remboursement de ces mêmes avances. Il créa 37 millions d’un titre spécial 3 pour 100 (local loans stock), en échange duquel il annula une somme égale d’obligations souscrites par la caisse des travaux publics et les municipalités vis-à-vis de l’Echiquier, et une portion de la dette flottante créée pour fournir les fonds nécessaires à ces avances.

L’Angleterre tient un état minutieux de tous ses engagemens, qui, en dehors de cette dette consolidée, ne s’élèvent d’ailleurs pas à un total bien considérable. Le volume imprimé tous les ans par ordre du Parlement et qui renferme ce qu’on appelle les comptes de finance du Royaume-Uni, donne le détail des sommes dues à la Cour suprême de justice, à l’ancienne