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Dès lors ; la Dette anglaise consolidée ne comprenait plus que deux types : le 3 1/2 et le 3 pour 100. En 1844, le 3 1/2 fut converti, au moyen d’une combinaison à peu près analogue à celle qui avait réussi un siècle auparavant et qui avait, en 1749, été appliquée par Pelham au 4 pour 100, de façon à le réduire au taux de 3 pour 100 à partir de 1757, en passant par l’étape intermédiaire du 3 1/2 pour 100. Cette fois, l’échelon à descendre n’était que d’un demi pour cent ; mais l’opération portant sur un chiffre de rentes beaucoup plus considérable, 248 millions, le chancelier de l’Echiquier procéda par deux étapes successives d’un quart chacune : les rentiers qui acceptèrent reçurent 3 1/4 pour 400 d’intérêt pendant dix ans, c’est-à-dire jusqu’en 4854, époque à partir de laquelle ils n’avaient plus droit qu’à 3 pour 100. Cette opération réussit à merveille : il ne se produisit pas un tiers pour mille de demandes de remboursement, et le nouveau fonds 3 4/4 s’inscrivit presque aussitôt à la cote au cours de 103.

Nous ne mentionnerons qu’en passant la tentative faite par M. Gladstone, dès 1853, pour acclimater le type 2 1/2 : il subsiste encore aujourd’hui 32 millions de ce fonds, créé en partie alors, en partie en 1884, dans des circonstances que nous rappellerons tout à l’heure.

La sagesse du plan de la conversion de 1844 apparut bientôt : l’échéance à laquelle le 3 1/4 devenait automatiquement du 3 pour 100 coïncida avec le début de la guerre de Crimée. Une conversion n’aurait pu être proposée et n’aurait pas à coup sûr été acceptée à cette époque, si la prévoyance de la Trésorerie n’avait réglé les choses dix ans à l’avance. Cette guerre, la première et probablement la dernière grande lutte européenne dans laquelle, depuis Waterloo, l’Angleterre se soit laissé entraîner en ce siècle, eut pour effet inévitable d’augmenter le capital de la Dette. Toutefois les idées économiques avaient fait assez de progrès pour que la moindre partie seulement de ses charges fût demandée à l’emprunt. M. Gladstone, dans l’un de ses admirables discours financiers qui resteront à jamais des modèles du genre, rappela au Parlement et au peuple que « les dépenses de la guerre sont l’obstacle moral qu’il a plu à la Providence de mettre à l’ambition et à l’amour des conquêtes dont sont dévorées tant de nations. » Il en concluait que c’était aux générations présentes à supporter la majeure partie des frais résultant d’entreprises décidées par elles. Il éleva l’impôt sur le revenu à près de