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IV

Nous sommes au point le plus élevé de la courbe. Les dettes anglaise et irlandaise, qui deviennent en 1817 la délie consolidée du Royaume-Uni, représentent le lourd héritage d’une lutte gigantesque. Elles seront peu à peu unifiées par le transfert des inscriptions d’Irlande en Grande-Bretagne : comme la monnaie des deux îles n’était pas alors la même, le chiffre nominal des rentes, en passant de la première à la seconde, fut diminué d’environ 7 pour 100. Les momens qui suivent la conclusion de la paix ne sont pas ceux qui voient l’amélioration immédiate des finances : des emprunts sont nécessaires pour reconstituer les forces du pays, pour combler les vides creusés par la guerre. L’année 1816 est marquée par des emprunts plus considérables qu’aucune de celles qui l’avaient précédée, à l’exception de 1814. En 1817, le gouvernement se fait encore avancer par la banque d’Angleterre trois millions de livres, qu’il ne lui remboursera qu’en 1835. Mais bientôt les choses changent de face ; les emprunts deviennent moins nombreux et moins importans ; ils s’émettent à des cours de plus en plus favorables pour l’Échiquier. En 1820, les souscripteurs, contre chaque versement de 100 livres, recevaient encore un capital nominal de près de 143 livres de 3 pour 100, ce qui équivalait à une émission de 3 pour 100 à 70 ; un 4 pour 100 est émis en 1827 à 93 et demi, chaque souscripteur recevant, en échange de 100 livres espèces, 107 livres de 3 pour 100 ; en 1836, le 3 pour 100 s’émet au pair, mais chaque souscripteur à 100 livres de stock reçoit 27 annuités de 13 shillings 7 pence, ce qui ramène le taux d’émission du 3 pour 100 à 94 environ.

Désormais d’ailleurs, ce n’est plus la liste des emprunts qui est intéressante ; c’est la description des innombrables combinaisons au moyen desquelles les hommes d’Etat anglais cherchent à réduire la dette nationale. L’effet de ces tentatives ne devient sensible qu’à partir de 1841, époque à laquelle la dette n’était encore guère descendue au-dessous du chiffre de 1817. Depuis lors, elle a diminué de plus d’un quart, en dépit de certains accroissemens passagers dus, par exemple, à la guerre de Crimée. Nous allons essayer d’en donner une idée en distinguant les conversions proprement dites des autres modes d’extinction.